L'histoire :
1442, royaume de Joseon, actuelle Corée, quelque part sur les pentes du mont Inwang, Seol, esclave muette, et Dal-Rae, se rendent chez une chamane, pour tenter de donner la parole à Seol. Quand le patron apprend que sa fille, Dal-Rae, a échangé un sac de riz contre les sorts d’une chamane pour guérir son esclave, il bat sa fille. En punition, le chef du village ordonne à la jeune fille de se rendre chez un érudit, Kim Ban-Ryu, en retraite en haut des montagnes, tous les jours pour lui apporter ses repas. Puis, quand sa mission sera finie, elle devra se marier à Dong-Bong, un homme rebutant. En tant que paysanne, elle montre à l’érudit qu’elle sait écrire des caractères chinois, qu’elle a découverts dans un livre trouvé sur le bord de la route : Nongsa Jikseol, le guide pratique de l’agriculture. La majesté de l’époque, Sejong le Grand (roi humaniste), questionne l’érudit pour améliorer l’agriculture du royaume. Kim Bam-Ryu repense à cette jeune fille qui souhaitait décrypter le livre Nongsa Jikseol. Ils en viennent tous les deux à la conclusion qu’il faut que le peuple sache lire. Pour ce faire, il leur faut un alphabet coréen, compréhensible pour tous, basé sur la phonétique. Le roi est persuadé que le savoir est un levier du progrès social. Alors que Dal-Rae se voit revêtue d’un habit de mariée, le convoi de Kim traverse son village. Les deux jeunes filles en profitent pour se dissimuler dans le convoi et prennent la fuite. Dal-Rae entretient de grands rêves, notamment celui de savoir lire et écrire. Arrivera-t-elle à ses fins ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La scénariste Anne Idoux est historienne de formation, professeure agrégée. Elle commence sa carrière d’écrivaine en publiant son journal sur son expérience de mère d’enfant autiste en 2009. Depuis, elle a publié deux romans historiques et sa première bande dessinée en 2023 chez Rue de Sèvre, Libres de pensées, sur dix femmes innovantes. Pour ce nouvel album, elle collabore avec Carine Borgi, illustratrice franco-libanaise, qui signe sa première bande dessinée, après des études d’art au Liban et en France. Faire un récit sur la construction d’un alphabet est une prouesse. Il est intéressant d’apprendre autant sur la culture linguistique coréenne et sa relation avec le chinois. Découvrir la composition des syllabes coréennes en fonction de la phonétique qu’elles produisent est fascinant. La postface permet également d’éclaircir et de contextualiser certains points abordés dans le récit. Néanmoins, la romance entre l’érudit et la jeune femme n’apporte rien. Par contre, la relation amicale qu’elle entretient avec son esclave, Seol, malgré les différences sociales, est plutôt admirable et pertinente, elle aurait dû être exploitée davantage. Surtout que le récit est amorcé par cette relation et par la quête du personnage central qui cherche à inculquer le langage à son amie. Amie qui disparait totalement de l’histoire... sans raison.