L'histoire :
Nouvelle-Orléans (Louisiane), juillet 1885. Dans le bordel d’un saloon, tout le monde s’affaire. Alors qu’Eugène essaie désespérément d’obtenir un simple baiser de sa putain, William n’a pas ce problème. Sa fleur du macadam n’est jamais en reste pour couvrir sa bouche de ses lèvres. Cette partie fine est interrompue par l'arrivée d’Émily, fille d’une de ces dames. Cette intrusion n’est pas du goût de sa mère, qui lui demande de partir fissa. Ce qu’elle fait, non sans amertume, pour aller retrouver son fidèle ami de toujours E.J. Colorado, juillet 1900. Une jeune femme s’arrête sur le quai de la gare de Silver Creek. Elle vient épouser Benjamin Cartridge. Mais alors qu’elle apprend que celui-ci vient de mourir, elle se retrouve démunie et décide d’accepter l’offre du tenancier du saloon : faire partie des filles de joie. Emily se fera appeler Jewel et nul doute qu’elle devrait faire un malheur avec sa resplendissante beauté. Mais on dirait bien que la belle a d’autres plans en tête, loin de l’image candide qu’elle veut bien donner…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors que la Cinémathèque Française a consacré une exposition au maître du western spaghetti Sergio Leone, Laurent Astier nous replonge dans cet univers, loin des western traditionnels américains. La Venin, point de départ d’une nouvelle série western qui devrait compter 5 tomes, a toutes les chances de s’affirmer comme une nouvelle référence du genre. Il faut dire que l’auteur de Face au mur et de Comment faire fortune en juin 40 montre une nouvelle fois sa capacité à être là où on ne l’attend pas. Pourtant, le western, il est tombé dedans quand il était tout petit, comme dirait l’autre, avec des lectures acharnées de fumetti (BD périodiques italiennes) dès l’enfance. Il réinvente le genre avec brio, tant l’histoire prend aux tripes, avec cette vengeance aux contours troubles, dont les flashbacks nous donnent des indices. Multipliant les références (Henry James, Pinkerton, Nathanel Hawthorne, Claudia Cardinale…), La Venin possède une âme authentique digne de Calamity Jane, n’hésitant pas à jouer des colts, réservée aux hommes, dans un monde brutal où les indiens sont considérés comme de vulgaires esclaves. Au dessin, il rend hommage aux classiques du western avec des clins d’œil appuyés à Blueberry (qui l’a marqué au fer rouge) ou à Il était une fois dans l’Ouest (dont on vient de fêter, au passage, les 50 ans). Son trait lumineux éclairé par des couleurs vives prend une dimension sombre avec la froideur d’Émily. Des débuts fracassants à suivre.