L'histoire :
Au cœur d'un laboratoire secret de la société pharmaceutique Becker, en plein désert sibérien, Irina Danko est appelée à la rescousse par ses collègues de la salle des exécutions. La mise à mort d'un des criminels détenu dans le centre ne s'est pas passée comme prévu. Le corps de la victime semble avoir disparu à la faveur d'une coupure de courant, remplacé par un autre. La jeune médecin tourne autour de cet homme aux cheveux longs et au corps d'athlète, inanimé, sans pouls, les yeux ouverts et totalement blancs. Le prisonnier était attaché, le nouveau corps l'est lui aussi, tout cela semble parfaitement impossible. L'équipe se demande comment remonter cette information aux autorités militaires qui supervisent le travail du laboratoire. La nuit suivante, Irina est réveillé en plein cauchemar. Elle s'est vue aux côtés de l'inconnu, dans les années 1880. Elle entrait dans un bar où elle le croisait, dans une ville d'Europe centrale, avant qu'une scène violente et déstabilisante ne la réveille en sursaut. Incapable de retrouver le sommeil, elle se met au travail devant son ordinateur. Au petit matin, le téléphone sonne, toujours en provenance de la même salle. L'inconnu s'est réveillé, il s'est visiblement libéré seul des liens qui l'attachaient. Il déambule dans la pièce en regardant silencieusement dans la direction des équipes de surveillance, de l'autre côté de la vitre.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les premières pages de cet album, avec cet homme étrange qui se réveille dans un laboratoire secret où on le croyait mort, ont tout pour accrocher. On se pose mille questions sur ses origines, et sur le lien qui semble l'unir à Irina, dont les cauchemars vont rythmer l'avancée du récit. Pourtant, à mesure que les révélations se succèdent, les évènements de plus en plus violents semblent venir de nulle part. Certes, on comprend petit à petit ce qui se passe dans l'enceinte de l'établissement, mais c'est au prix de changements d'atmosphère qui ne paraissent pas toujours justifiés, provoquant un effet de recul que les auteurs ne souhaitent probablement pas. Ils se combinent à quelques maladresses de narration, comme ce choix de dater précisément les cauchemars d'Irina. Comme si les dessins de Julien Ribas ne suffisaient pas à nous plonger dans le passé. Le dessinateur réussit d'ailleurs à placer quelques pages muettes qui sont les meilleurs moments de l'album, comme cette première promenade d'Irina sous la pluie en page 24, ou les pages de fin. Mais il nous aurait fallu connaitre davantage la jeune femme pour partager la terreur qu'elle sent monter en elle à mesure que l'inconnu prend de la place dans ses pensées. On aurait aimé que Matz, scénariste chevronné, consacre probablement plus de temps au découpage de son récit, en partie gâché par une réalisation trop rapide. Le Spécimen reste malgré ça une lecture plutôt plaisante, en particulier la relecture de ses premières pages, juste après en avoir terminé les dernières...