L'histoire :
Il y a très longtemps, dans une autre galaxie… La jeune Omula étudie l’histoire de sa civilisation avec ses camarades au sein d’un amphithéâtre moderne. Elle fait partie d’un peuple humanoïde bien plus avancée technologiquement et socialement que le nôtre. Omula est une enfant surdouée, un « haut potentiel intellectuel »… De fait, elle s’ennuie en cours et ne manque pas d’être méprisante envers ses voisins de classe. La civilisation de cette planète est arrivée à un tel stade de développement équilibré, qu’elle pâtit d’un autre problème : la surpopulation. Or ce jour-là, le président vient annoncer en personne que la famille d’Omula a été choisie pour faire partie d’un programme de colonisation galactique. Ses parents exercent des métiers complémentaires et nécessaires pour cette mission – chimiste et architecte. Ils devront retourner sur la planète Ertha, d’où ils sont originaires, pour voir si celle-ci est redevenue habitable depuis le cataclysme qui s’y est déroulé il y a plusieurs milliards d’années. Six vaisseaux doivent ainsi partir, avec à leur bord deux « substituts » (des clones, soit des banques d’organes utiles en cas d’accident) de chaque individus. Au même moment, sur une autre planète humanoïde et arrivée au stade de l’antiquité, une terrible guerre de succession s’apprête à se dérouler au sein du royaume d’Albalonga…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça commence comme une aventure classique de science-fiction, typique de ce que publient les Humanoïdes associés, au sein desquels œuvrait jusqu’à présent exclusivement Jorge Miguel. Une civilisation technologiquement avancée lance un programme de colonisation spatiale ; et tout est prévu et sécurisé, jusqu’aux clones de rechange en cas de pépin. Et puis page 16, tadaaam, on bascule dans un tout autre récit de genre : le péplum. Or là aussi, dans un environnement antique assez orthodoxe, la problématique est connue, racinienne : un prince, jaloux de ne pas avoir été désigné héritier par feu son père le roi, procède à l’élimination méthodique de sa branche de famille rivale, afin de devenir calife à la place du calife. Les deux récits « classiques » s’intercalent un long moment de manière étanche, avant de se rejoindre et faire cohérence… à la p.67 ! C’est cette jonction entre deux registres a priori éloignés – la science-fiction et le péplum – qui rend ce premier tome intéressant. En marge de cette petite originalité, le scénariste Yves Sente, qui signe lui aussi pour la toute première fois un album chez Rue de Sèvre, maîtrise ses classiques et la narration séquentielle. Ce premier tome plante la problématique en prenant le temps d’installer les personnages et leur univers dans le détail, ce qui le rend très riche en informations et en aventures. D’autant plus riche, qu’il couvre 84 planches. Au dessin réaliste, l’auteur tout-terrain Jorge Miguel prend visiblement plaisir à l’alternance antiquité-technologie. Cette mise en bouche costaude d’un diptyque en devenir se révèle au final un divertissement grand-public tout à fait plaisant.