L'histoire :
En Normandie, un grand haras tenu par Philippe et Agnès est financé par un grand bourgeois allemand, M. Schmidt. Une nuit, Philippe doit s’occuper d’une jument qui met bas. Dans le même temps, Agnès sent des contractions : elle va accoucher ! En une nuit, naissent simultanément le poulain Tempête et le petit Jean-Philippe. La famille change de rythme de vie. M. Schmidt redoute que l’arrivée de cet enfant ralentisse les travaux du domaine. Pourtant, Philippe est déterminé à ce que sa famille gagne un jour des courses. Depuis des générations, ses ancêtres ont toujours été passionnés par les chevaux, mais la réussite n’a jamais été au rendez-vous. Agnès ne veut pas que l’on force le petit Jean-Philippe à être jockey, mais Philippe sent que leur enfant va rentrer de lui-même dans cet univers. En effet, le garçon apprend très vite les ficelles du métier et n’a peur de rien. Dès l’âge de cinq ans, il monte avec grâce, aisance et noblesse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chris Donner, écrivain pour la jeunesse, adapte lui-même son œuvre, Tempête au haras, en bande dessinée. Il faut dire que l’œuvre initialement publiée chez L’école des loisirs est forte et particulièrement touchante. Passionné par les courses hippiques, Donner brosse le décorum du monde équin : la vie dans le haras, l’équitation, les balades, les courses hippiques, les paris… De façon habile, il mêle dès le début deux destins qui vont évoluer au fur et à mesure de l’histoire : le poulain Tempête et le bébé Jean-Philippe, qui naissent en même temps. Le récit se rapproche du conte, parfois, notamment de par cette double naissance ou en raison du « miracle » final. Mais c’est aussi une intrigue très réaliste où les personnages sont touchés par les évènements de la vie, bons ou mauvais. Quelques rebondissements vont faire basculer les choses et donner un ton dramatique fort. La thématique de l’équitation se déplace ensuite pour aborder un sujet sensible. Donner a su s’adapter au format BD en distillant les textes tout en plantant des personnages puissants et charismatiques, comme le magnat Schmidt ou le jockey irascible Barillot. Le portrait le plus remarquable reste bien sûr Jean-Philippe, ce garçon plein de rage et de caractère, qui doit se battre contre la vie et contre lui-même pour atteindre ses rêves. Le récit est en plus magnifié par le dessin de Jérémie Moreau. Dans des tons bleutés et des couleurs très douces, Moreau parvient à apporter une touche subtile et pleine de vie. Dans le même temps, il n’hésite pas à déformer les corps ou à casser les couleurs (un cheval peut être bleu !) pour mieux représenter l’émotion du moment. Le rythme est ultra fluide grâce à un cadrage et un trait très dynamiques, et notamment lors de courses hippiques spectaculaires. Ce récit jeunesse fin et subtil retranscrit avec beaucoup d’intelligence les joies et les difficultés de la vie. On hennit de plaisir !