L'histoire :
Don Marcus, alias William, est un moine chartreux qui a fait vœu de chasteté, depuis 25 ans et sept mois. Il appartient à la communauté de la Chartreuse de Valsainte. Il mène une vie d’ascète. Il passe le plus clair de son temps dans sa cellule. Solitude, pauvreté, obéissance, silence nourrissent son quotidien. Seul le Père Supérieur reçoit des nouvelles de l’extérieur. Un jour, une nouvelle vient bouleverser cette vie bien rangée : sa tante Elise Turnelle vient de décéder. Don Marcus est convoqué à la lecture du testament de la défunte. La missive lui promet un héritage d’une valeur de plusieurs millions d’Euros. Au début, il pense se faire représenter. Mais le notaire précise que tous les ayants-droits doivent être présents physiquement, selon les dernières volontés de sa tante. Don Marcus prépare son paquetage et prend le train. Ce retour à la réalité le chamboule totalement : il redécouvre le bruit, les couleurs, la vie et rencontre Méry, une jeune femme condamnée à mourir. Ce voyage fait remonter à la surface des souvenirs qu’il pensait avoir enterrés à jamais…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis quelques années, Zep alterne entre sa série culte hilarante Titeuf et des ouvrages plus intimistes où il dévoile une autre facette de son talent. Dans la veine d’une Histoire d’Hommes qui traitait des rapports humains, de l’amitié et de la faculté de l’amitié, des rêves inachevés, Un bruit étrange et beau (édité une nouvelle fois par la maison iconoclaste Rue de Sèvres) explore l’âme humaine, notre rapport à la mort et à l’existence ou non de Dieu. Dès les premières pages, on se laisse littéralement happé par l’ambiance étrange du récit et la fragilité des personnages gravitant autour de William. Il cherchait à donner un sens à sa vie et a quitté le monde à la recherche de sa légende personnelle. Il a donné sa vie à Dieu, l’occasion pour Zep d’aborder des questions philosophiques : Où allons-nous ? Qui sommes-nous ? Que faisons-nous ici-bas ? Tant est si bien que l’on dévore l’ouvrage hautement contemplatif et que l’on a qu’une hâte, celle d’y replonger, une fois la dernière page lue. A l’image de la narration, Zep nous gratifie de planches abouties, délivrant une douceur graphique et des couleurs pleines, tantôt, de bleu, de vert, d’ocre. Son trait d’une grande élégance épouse parfaitement ses mots simples et délicats. Un bruit étrange et beau montre une nouvelle fois toute l’étendue du talent de Zep. On se délecte par avance de sa participation au projet Infinity 8 (toujours chez Rue de Sèvres) aux côtés de Vatine, Bertail, Trondheim et consort…