L'histoire :
Julie d'Aubigny, dite Julie Maupin, discute avec le diable en personne, Méphistophélès. Il a tous les défauts. Mais il promet à la jeune femme qu'ils se reverront. A Versailles, en janvier 1688, Julie est attendue. Depuis hier, elle est devenue Madame Maupin. Julie est la fille du secrétaire des écuries royales, et cela lui offre de nombreux avantages. Elle peut suivre l'éducation de l'école des pages : danse, chant, voltige, équitation, dessin. Mais surtout, elle peut apprendre l'escrime, sa discipline favorite. Elle s'habille « comme un homme » pour s'entraîner à croiser le fer. Lorsqu'elle se présente, en retard, auprès de son maître, celui-ci lui assigne un adversaire, qui n'est autre que Méphisto. L'homme lui fait des avances, que Julie refuse. Elle est mariée, maintenant, avec un mari qu'elle n'a ni choisi, ni désiré. Méphisto lui propose de signer un contrat avec lui, pour la sortir de cette situation, mais Julie refuse une nouvelle fois. S'ils sont ici, c'est pour s'affronter en duel. Ils s'affrontent donc et la jeune femme gagne la manche. Méphisto lui promet une revanche. Après cet entraînement, Julie retrouve son mari et son père, en étant bien apprêtée. Ils vont recevoir leur cadeau de mariage. Là-encore, les hommes la ramène à sa condition de femme, au silence. Elle ne se laisse pas faire et provoque la sidération. Elle annonce le cadeau de mariage qui ferait plaisir à son mari : il lui faut quitter Paris pour Limoges. Le père accepte, ils partiront dès le lendemain. Mais Julie ne compte pas suivre son époux. Il partira seul, elle veut sa liberté : ni dieu, ni maître, telle sera sa devise.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dominique Monféry (Mortel imprévu, La neige en deuil), adapte le roman de Jean-Laurent del Socorro en bande dessinée. Il s'inspire de la vie trépidante de Julie Maupin, femme libre, revendiquant sa liberté amoureuse, sexuelle et souhaitant accéder aux mêmes droits que ses homologues masculins. Cette femme a réellement existé, mais cela n'est que trop peu mentionné (seulement à la fin, une page nous donne quelques précisions sur les libertés scénaristiques et les faits avérés). Elle incarne ainsi une héroïne de fiction, plus qu'une héroïne historique. S'il est clair dès le départ que Julie Maupin est éprise de sa propre liberté et souhaite mener sa vie comme elle l'entend sans se soucier des conventions et du patriarcat ambiant, les différentes péripéties qu'elle traverse sont parfois trop accentuées en ce sens, trop expliquées comme une révolte. Alors que les faits parlent d'eux-mêmes et n'ont pas tous besoin d'être accompagnés de phrases didactiques. Ce parti-pris entrave la narration. Des encadrés réguliers laissent la parole à Julie Maupin directement dans l'histoire, mettant en avant davantage le texte que l'image. Graphiquement, les visages des personnages manquent parfois d'élégance, mais quelques planches sortent de l'ordinaire et font la part belle à l'image et aux passions de Julie Maupin. Cette BD valorise le parcours, qui paraît improbable, d'une femme libre et rebelle, et qui a pourtant réellement existé.
