L'histoire :
Sophie, sa sœur et son papa chahutent devant la télévision. Elle annonce des disparitions inquiétantes en masse, mais ils n'y prennent pas attention, trop occupés qu'ils sont à s'amuser. Le lendemain, Sophie et son père ont disparu. Héli, quant à lui, décide de quitter sa maison. Il y est seul et veut voir autre chose que cet austère cocon. Il parcourt les rues de la ville déserte, rencontre des gens qui ne lui répondent pas et qu'il ne peut toucher. Dans un bus abandonné, il trouve un smartphone et cherche des indices. Seul un assistant vocal, Yarha, lui tiendra compagnie jusqu'à l'épuisement de la batterie, sans pouvoir lui apporter de réponse sur ce qu'il se passe autour de lui. Alors il poursuit son errance dans cette ville fantôme. Des fleurs blanches l’intriguent. Puis sa rencontre avec un chat le conduira auprès de Selen, l'autre survivante. A eux deux, ils tenteront de trouver la source de ces étranges disparitions. Première étape : se diriger vers les tours… mais un corbeau les suit de loin.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La force et la particularité de cette bande dessinée résident dans la personnalité graphique de Thimothée Leman. Son trait singulier se rapproche davantage d'un tableau de maître que d'un dessin de BD académique. Le scénario est singulier : deux enfants en quête d’aventure, sur fond post-apocalyptique, à la recherche de la clé de l'énigme et du dépassement de soi. Il fait ressortir un thème prégnant de l’enfance : faire face à ses peurs, les surmonter et les appréhender de différentes façons. L'imagination de Leman dans ce road-trip onirique enlace la peur, le pouvoir des animaux, la nature qui reprend le dessus sur les humains et les rend esclave... Toutes les libertés scénaristiques sont permises dès lors que le thème du rêve est abordé. Cette haletante histoire d’aventure et de quête de soi nourrit toutefois quelques regrets, notamment sur les flashbacks qui, au final, complexifient le déroulé. Quant à la chute, à la fois classique et surprenante, elle n’est pas sans rappeler, l’espace d’une fraction de seconde Avatar, le film de James Cameron, dans lequel le rêve peut emporter une part de réalité. Soulignons encore l'immense talent de ce jeune auteur, tant dans la construction du scénario que dans la réalisation graphique.