L'histoire :
Le 8 septembre 1965, Andreï Siniavski, écrivain et professeur de littérature russe, est arrêté à Moscou par le KGB alors qu’il quitte l’université. Son arrestation survient après l’envoi clandestin de son premier manuscrit en France sous le pseudonyme d’Abram Tertz. Accusé de publier des textes anti-soviétiques, Siniavski est interrogé sur ses critiques du réalisme socialiste et de figures emblématiques comme Lénine. Les agents fouillent son appartement et interrogent ses proches, certains restant silencieux malgré la pression. En février 1966, Siniavski est jugé et condamné à sept ans de camp à régime sévère. Pendant sa détention, il rédige un essai sur Pouchkine, cachant son contenu dans des lettres envoyées à sa femme. Libéré, il émigre en France en 1973. Des années plus tard, sa petite-fille Emma Siniavski, fascinée par les récits de sa grand-mère Maria et de son père, découvre l’histoire de son grand-père. Elle explore ses archives et son appartement, conservé en l’état, pour reconstituer son parcours, de son arrestation à sa libération. Emma se plonge dans la vie de cet homme dont l’écriture a défié le régime soviétique.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album est avant tout un plaidoyer vibrant pour la liberté d’expression et un hommage au courage d’Andreï Siniavski, qui a continué d’écrire malgré les persécutions. Même au goulag, il trouve une forme de résilience, rédigeant des lettres à sa femme Maria, truffées d’amour et de dessins, dans lesquelles il cache parfois des textes clandestins. Ce travail de mémoire est porté en 2020 par sa petite-fille Emma, qui se plonge dans ses archives – lettres, brouillons, photos – pour retracer l’histoire d’un homme forgé par la culture et la lutte politique. Après sa libération et son exil en France en 1971, Siniavski découvre un pays d’abondance, contraste saisissant avec les pénuries de Moscou. Devenu professeur à la Sorbonne, il enseigne la poésie en russe, ne maîtrisant pas encore le français. Ce contraste illustre la force d’adaptation de cet intellectuel hors norme. Si le dessin d’Emma peut paraître naïf, il sert de support à un texte profondément émouvant. Cette œuvre, à la fois documentée et intime, montre que la culture et la liberté restent des remparts face à l’oppression. Une quête d’identité autant qu’un hommage à un grand-père qu’elle n’a jamais connu.