L'histoire :
Charlie Winckler marche sur un trottoir de Time Square, au milieu d’une foule de passants, une mallette à la main. Soudain, une hippie rousse inconnue lui saute au cou et l’embrasse à pleine bouche. Elle semble le connaître, pas lui. Il est surpris, mais se laisse faire. Dans l’instant de confusion, il réagit trop tard : un badaud vient de lui prendre sa mallette des mains. Et dans la foule, il est trop tard pour repérer lequel. Charlie se rend compte que la hippie, qui a disparu aussi vite qu’elle était apparue, lui a aussi piqué son portefeuille ! Une main se pose sur son épaule : une autre jeune femme, brune en robe courte rose, lui dit qu’elle a tout vu et qu’elle sait où retrouver sa hippie voleuse. Charlie n’a pas d’autre choix que de lui faire confiance. Car la mallette contenait des livres de comptes sur les malversations de Tony Zardella, un puissant parrain de la mafia. Si ça tombe entre les mains du FBI, c’est de la bombe ! Or il se trouve justement que Charlie, comptable, était filoché par Andy Calhoun, petit fonctionnaire du département de la justice américaine. Et quand la mallette lui est prise des mains, Andy court derrière le voleur jusqu’à ce qu’il hèle et monte dans un taxi… Zut, la piste est perdue. Andy ignore alors que le voleur va oublier un des livres sous une banquette du taxi. Le chauffeur, qui fait surtout son blé en tant que maquereau, trouve le livre et le montre à son pote receleur, Léopard Jones. Et Léopard Jones décide de monter un lucratif chantage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce thriller rocambolesque prend pour cadre l’ambiance hippie et new-yorkaise de la fin des années 60. Une mallette contenant des livres de comptes est piquée à un certain Charlie… et contrairement à ce dont s’amuse le titre – qui fait un clin d’œil aux célèbres livres pour enfants, où il s’agit de trouver un personnage à lunettes et pull rayé au milieu d’une foule – c’est l’un de ces livres comptables que tout le monde traque, plutôt que ledit Charlie. En auteur complet et expérimenté du 9ème art, Emmanuel Moynot s’amuse à mettre en place une joyeuse ambiance et une narration chorale, en mélangeant souvent flashbacks et séquences parallèles, le tout dans une unité de temps assez restreinte de quelques heures. L’ambiance flower power en milieu urbain habite ce thriller admirablement cadré et découpé. Visuellement, le dessin semi-réaliste dynamique met en scène des personnages aux contours encrés évoluant en premier plan par-dessus des décors aux contours colorés. Le casting se compose d’une faune truculente et interlope : il y a des hippies, des agents du FBI, des pontes mafieux, des indics, des substances illicites, des flingues, des putes sur le trottoir, un transgenre malin, des hommes de mains qui tombent dans des pièges dégueulasses, certains qui se croient plus malins que les autres, d’autres sans états d’âme quand la fin justifie les moyens… Tous courent tantôt après un livre de compte, tantôt un sac plein de thunes, tantôt une partie de jambes en l’air. A ce sujet, quelques scènes hot (peu suggestives, mais tout de même explicites), réservent l’ouvrage à un public adulte.