L'histoire :
De nos jours, le jeune Louis taille la route à bord de sa vieille 4L, à travers les paysages de la Drôme. Soudain, une fumée blanche s’échappant du capot lui fait comprendre qu’une durite est en train de lâcher. Il n’a pas le choix : il fait demi-tour jusqu’à la place centrale de Luc-en-Dillois. Il entre dans un bar pour donner deux coups de fil : à un dépanneur et à son père, qu’il voulait rejoindre dans son relais de chasse, perdu au fin fond du maquis. Hélas, le garage local est fermé. Louis n’a pas d’autre choix que de passer la nuit à l’hôtel du village. Au réveil, le lendemain, un client sympa au bar propose à Luc de l’emmener et de le déposer sur la route, au plus proche du père de Louis. Ils embarquent donc tous les deux à bord d’une vieille CX, sur les routes sinueuses qui s’enroulent autour des « clapas », des amas de rochers. Alors qu’ils suivent un bus à flanc de falaise, celui-ci est obligé de s’arrêter au milieu de la route. En effet, les pluies diluviennes récentes ont engendré un important éboulement de la chaussée. Impossible de passer. Et impossible pour le bus de faire machine arrière. Les quelques passagers du bus, le chauffeur de Louis et Louis décident donc de finir le bout de route à pied, jusqu’à la route départementale proche qui va à Gap, afin de prévenir les autorités. Car évidemment, dans ce chaos de rochers, aucun réseau de téléphonie mobile ne passe. Enfin, après un trajet pénible d'une grosse heure avec des chaussures inadaptées à la marche, ils rejoignent la D112. Le premier véhicule qui passe par là est un pick-up. Les deux frangins un peu bouseux qui sont à bord proposent aux naufragés de la route de monter derrière, avec une carcasse de sanglier au milieu. Mais ils préviennent qu'ils doivent faire un petit détour par leur ferme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le genre du thriller doit beaucoup à la bêtise crasse des culs-terreux, à l’ignominie morbide des bourrins de campagnes et autres tortures sordides des rednecks-à-la-française attardés. Le cinéma américain a admirablement su faire fructifier le filon (Leatherface, Ozark, Délivrance…). A travers cette aventure rurale en plein maquis du Vercors, l’auteur complet Isao Moutte satisfait admirablement aux poncifs utiles à faire monter la tension. Classiquement, un groupe de gens qui ne se connaissent pas se retrouvent « naufragés », sans réseau, dans un coin de campagne paumé. Classiquement, ils sont embarqués malgré eux par une fratrie de dégénérés et deviennent témoins d’une altercation qui tourne au drame. Evidemment, dans ces conditions, il est hors de question de les laisser repartir… Débute alors un kidnapping et des chasses à l’homme sur plusieurs fronts. C’est certes classique, mais terriblement efficace. Le suspens est ici habilement amené et emmené, la tension monte crescendo sans qu’on ne devine jamais si le personnage principal de Louis va s’en sortir. Une fois accroché (très vite), le lecteur ne peut plus refermer ce one-shot avant la 150ème planche. Le dessin semi-réaliste demeure lui aussi cohérent de bout en bout, complété par une colorisation monochrome de teintes ocre et rouille. Une BD à haute tension, chaudement recommandée par l’office de tourisme du Vercors et la fédération des chasseurs de la Drôme...