L'histoire :
Daniel Blanquette, auteur de BD, fait une intervention dans une classe de collégiens. L’idée est de stimuler leur imagination, de laisser s’exprimer un vaste terrain de créativité, en toute liberté. Ils peuvent raconter ce qu’ils veulent. Leur professeur a beau essayer de cadrer l’exercice, il y en a un qui ne peut s’empêcher de raconter l’histoire d’un chat qui fait un cake au vomi pour son copain le chien. Daniel est un peu déprimé par ce résultat. Mais d’ailleurs, lui-même, où se situe t-il vis-à-vis de son métier ? Une intelligence artificielle du futur fait le point sur sa destiné en entremêlant ses souvenirs de débutant. Daniel est de la promotion 2000, comme bon nombre de ses camarades qui ont diversement réussi dans le milieu : Gilles Canon, Lisa Modèle, Mathieu Malin, Nico Win, Pascal Champion... Ils sont alors sous l’égide de professeurs et mentors appelés Joseph Bédé ou Crush… Dans les années 2010, la plupart sont devenus des stars de la BD, alors que lui-même se cherche toujours. La cause de cette galère : des choix de sujets extrêmement peu porteurs auprès du grand-public, comme la vie sauvage des gorilles, ou l’instauration des règles de la lutte gréco-romaine au XIXème siècle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Daniel Blancou (aka Blanquette) faisait partie de la promotion 2000 des Arts Déco, dont sont issus d’autres auteurs de BD qui ont plus ou moins réussi : Lisa Mandel, Erwann Surcouf, Sylvain-Moizie Rondet, Mathieu Sapin ou encore Boulet. Or Daniel Blancou, lui, n’a jamais percé. Aucun de ses albums n’a reçu de consécration critique ou même publique. Blancou est resté plutôt discret dans le milieu, en publiant une dizaine d'albums et en devenant notamment enseignant. A travers cet album entremêlé de participations amicales d’une douzaine d’auteurs, Blancou assume ce destin modeste, sans jalousie, mais avec une légère aigreur tout de même. Il pose ouvertement la question des clés de la réussite. Faut-il avoir du talent, de la chance, du culot, de l’inspiration et/ou de la personnalité ? Par définition nombriliste, le récit fraye avec le thème en vogue du développement personnel. Il aligne les conclusions auto-réalisatrices des réflexions en pleine conscience d’un artiste de second plan. A partir de sa griffe artistique stylisée et de trames de points colorés appartenant à un nuancier basique CMJN, il mélange dans un joyeux bazar narratif les époques, les souvenirs réels et les fantasmes du futur, avec de vrais-faux travaux BD en cours de réalisation. Dont des strips foireux sur un short rouge, la vie sauvage des gorilles dans la jungle et une sorte de polar nul et laborieux. Ces extraits viennent conforter le postulat du manque criant d’inspiration, premier responsable du faible succès… et pour cause : le premier sujet d’un auteur de BD en manque d’inspiration, c’est lui-même, dans son auto-centrage quotidien. Cet album semble ainsi une mise en abîme d’une autobiographie décousue, caricaturale, longuette et redondante, qui fait surtout des clins d’œil sympas aux confrères de cette génération.
