L'histoire :
Londres, en mai 1918 : les hommes sont encore au front. Stella Benson, elle, vit seule avec son chien, hébergée chez une dame plus âgée à qui elle paie un loyer. Allongée dans son lit, elle tient comme à son habitude, son journal intime. Mais une douleur la paralyse. Comme chaque mois, elle souffre de douleurs pendant ses règles. Elle se met en boule dans son lit, lorsqu'on frappe à la porte. Oneleg, la maîtresse de maison, a du courrier pour elle. Indisposée, Stella demande si elle veut bien lui en lire le contenu. C'est sa maman qui lui écrit, et qui la sermonne. Souhaite-t-elle devenir vieille fille ? Car elle en prend le chemin ! A quoi occupe-t-elle ses journées, si ce n'est à trouver un mari ? N'approuvant pas son attitude, elle lui indique qu'à partir de maintenant, Stella devra se débrouiller seule pour payer son loyer : ainsi, elle pourra agir comme un homme jusqu'au bout. Stella rassure son hôte : elle trouvera un moyen pour se faire de l'argent et payer son dû. En ces temps de guerre, les femmes commencent à goûter à l'indépendance et à la liberté. Même si l'argent manque, que la nourriture ne remplit ni les tables ni les estomacs, et que les nouvelles du front ne sont pas très réjouissantes, elles découvrent la sororité, et la possibilité de rêver. Stella Benson a une passion pour l'écriture, et elle compte bien développer son univers de fantasy.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers ce nouvel ouvrage, l'autrice Nina Six change de registre. Elle s'intéresse ici à la figure de la romancière et poétesse oubliée, Stella Benson, féministe et proche de Virignia Woolf. Son nom est tombé dans l'oubli, pourtant, cette artiste anti-conformiste et engagée, a été une figure marquante notamment dans le domaine de la fantasy. Avec La sorcière de Londres, nous découvrons l'une des années de sa vie, en 1918. Nina Six s'est documentée, et à partir de ses lettres et journaux, mais aussi de ses oeuvres, elle a recréé un univers, où nous suivons en parallèle la Stella Benson dans sa vie quotidienne de femme, et la fiction qu'elle est en train d'écrire. Nous pouvons facilement faire les parallèles, comprendre son inspiration, et le tout est distillé avec un discours basé sur l'entraide entre femmes, et l'envie d'indépendance et de liberté. On sent que c'est ce qui anime le personnage de Stella Benson : être libre de faire ce qu'elle souhaite, s'affranchir des lignes toutes tracées que la société lui impose. L'écriture lui permet cela en partie, et elle applique progressivement ces préceptes dans sa vie de femme. La griffe artistique est facilement identifiable, nous reconnaissons le style de Nina Six : des traits fins, poétiques et une colorisation pastel. C'est un monde très doux qui nous est montré. Les allers-retours entre le présent du personnage, et sa fiction, donnent du rythme au récit et sont aisément repérables graphiquement.
