L'histoire :
Cette nuit, Mathias fait un rêve des plus bizarres… Deux chiens, en uniformes de policiers, cherchent à mettre le grappin sur un évadé. Ce dernier, plumage blanc et long bec de cigogne, se réfugie chez un coiffeur mais ne tarde pas à être repéré. Juste avant de se réveiller, l’adolescent a bien repéré, parmi la clientèle du commerçant, son copain Wilson. Et pour continuer de semer le trouble, il est certain que cette cigogne n’était autre que Monsieur Renobert, le père de son ami… A bien y réfléchir, tout cela n’est pas aussi surprenant : Mathias a appris la veille que le père de son copain Wil avait été condamné à 3 ans de prison. Le lendemain, au collège, c’est la consternation. D’autant plus, d’ailleurs, que le principal intéressé est absent. Aussi, devant l’impossibilité d’obtenir détails et explications, chacun y va de son petit commentaire. En tous cas, tous ont bien du mal à y croire, mais surtout aucun ne sait comment réagir et quelle attitude avoir envers leur ami…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alternant réalité et onirisme, le récit proposé par Modrimane confronte une bande d’adolescents au drame familial que vit l’un d’entre eux : le papa du copain Wil vient d’être incarcéré pour 3 ans. La culpabilité de monsieur Renobert ne faisant aucun doute (il a reconnu avoir détourné des fonds de sa société) et leur jeune camarade étant absent, reste aux collégiens à digérer la nouvelle, mais surtout à savoir comment réagir. Soutien, compassion ou, à l’inverse, condamnation par ricochet sans circonstances atténuantes de leur ami, centralisent le propos. En un jeu d’allers-retours entre l’expression onirique de leurs angoisses, nées du dilemme, et leurs discussions animées dans la réalité, chacun alimentera le débat avec ses propres interrogations. Au bout du compte, c’est le retour dans le groupe du principal intéressé qui délivrera chacun : en adoptant face à cette situation un comportement dénué de toute ambigüité, il renverra la balle dans le camp où elle aurait du rester, à savoir chez les adultes. Plus que raconter une histoire, ce récit a d’abord et surtout des vertus pédagogiques : on y aborde assez intelligemment les notions de justice, de culpabilité ou de pardon. On regrettera alors qu’il ne s’en contente qu’un peu, ne réussissant pas à dépasser cet objectif, pour un déroulement restant finalement un peu au plancher. Seule l’idée des balades au cœur des rêves et le remplacement dans ceux-ci des protagonistes par des animaux, le fait décoller un peu. Gageons qu’à l’instar du graphisme doucement lavé, l’ensemble ne s’adresse aux plus jeunes. L’important étant alors qu’ils se saisissent de la problématique exposée. Pourquoi pas ? Tant mieux pour le débat proposé. Tant pis pour l’amateur d’intrigue bondissante et touffue.