L'histoire :
Au beau milieu de la nuit, une voiture s’arrête dans l’allée d’une maisonnette abandonnée dans la campagne italienne. Trois malfrats en descendent. Ils viennent de braquer un bureau de poste et ils se félicitent pour le butin conséquent qu’ils vont pouvoir se partager. Il leur faut juste attendre l’aube, qu’un 4ème comparse leur apporte une voiture des vêtements propres, pour se séparer chacun de leur côté. Sur un buffet, l’un d’eux repère un tableau bizarre, d’art contemporain. Il reconnaît cette œuvre, c’est Onpi, une toile originale de Faustino, que tout le monde appelait « le peintre fou ». Elle représente un immeuble organique en train d’exploser. Pour passer la nuit, le malfrat raconte à ses amis l’histoire de cet immeuble devenu insalubre, que les autorités publiques ont eu un mal fou à faire évacuer quinze ans plus tôt. A l’époque, plusieurs brigades de policiers avaient été envoyées, et des appels à l’évacuation dans le calme avaient été lancées au porte-voix. Mais les habitants faisaient blocus pour rester chez eux. Parmi eux, le peintre fou vivait reclus depuis des années dans son appartement. Il ne cessait de peindre dès représentations aussi fortes que dérangeantes et avait même une sacrée côte chez les critiques d’art. Et puis il y avait Cirù, un jeune caïd, qui n’avait rien de bon dans le ventre. Toujours à chercher les ennuis, comme feu son frère Cosimino…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce thriller sordide hard-boiled se déroule dans la même ambiance d’Italie mafieuse des banlieues, que la série Gomorra. L’histoire se déroule à trois époques, que le scénariste Stefano Nardella entremêle à la perfection en flashbacks et flash-forwards, pour tisser une intrigue vacharde à souhait. Au cœur de la problématique, un immeuble, que les autorités tentent d’évacuer, par une décision politique que les habitants refusent, en faisant blocus. Au sein de ces Assiégés, se trouve un « peintre fou », dont nous découvrirons progressivement l’histoire tragique. Mais aussi un jeune caïd, Cirù, soit le même prénom que le héros de Gomorra. Majoritairement, le dessin stylisé des personnages, réaliste pour les décors et en toutes circonstances très nuancé, signé Vincenzo Bizzari, baigne constamment dans l’obscurité. Il ne donne aucune perspective d’évasion d’un milieu social où tous sont Affreux, sales et méchants – tiens ! Encore une référence au cinéma italien (cf. le film d’Ettore Scola). Cette ambiance de clairs-obscurs travaillés, chiadés, charbonneux, avec une fieffée maîtrise de la bichromie, est la grande plus-value de ce thriller sans concession.
