L'histoire :
Le week-end de randonnée touche à sa fin. Demain, il faudra rejoindre les bus. Il n’y a pas à dire, Sportacus en connait un bout en management du personnel ! En deux jours, les liens entre collègues ont été renforcés, notamment grâce à Rodolph, responsable du rayon randonnée (justement), qui fut un leader formidable tout au long du week-end. Anabelle n’est pas insensible à son charme de meneur et c’est sur cette auto-confidence qu’elle ferme son journal et rejoint sa tente. Le lendemain, après des heures passées à errer, il faut bien l’admettre, ils sont perdus. Rodolph garde toute sa contenance de winner pour calmer le groupe, qui commence à douter. Surtout Bénédicte ! Puis il reconnait les faits : ils sont effectivement perdus. Et alors qu’il s’apprête à lancer une fois encore le fameux « Nous sommes Sportacus » si fédérateur, un champignon nucléaire apparait au loin, quelques instants avant que le souffle ne balaie l’arête rocheuse où ils se trouvent. Toute communication avec l’extérieur est désormais impossible. Le groupe doit s’organiser pour survivre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nous sommes Sportacus, clin d’œil cynique à l’effet de masse, est le titre de cet album hors norme. En tout cas, hors des normes couramment admises, bienveillantes et pleines de bonnes intentions, jusqu’au moment où le réflexe de survie prend le contrôle… Et là… Victor Marco entre en scène. Avec de jolis personnages anthromorphes dessinés dans le style nord-américain du XXIème siècle, il compose la satire d’une société où il vaut mieux être corporate, sportif, écolo ainsi que solidaire, sous peine d’être honni par les réseaux. Toute la clarté de la colorisation des vignettes pendant les scènes de jour cache la noirceur de ce qui s’y passe en réalité. Le contrepied est fameux et se retrouve çà et là à travers les gags pince-sans-rire qui alimentent les péripéties de ce groupe en perdition. Le côté trash étant atténué par la présentation visuelle, Marco s’en donne à cœur joie et balaie une foultitude de bassesses si propre à la condition humaine. Les personnages sont construits à partir de traits de caractère qui conditionnent leurs actions… et leurs destins. L’atmosphère générale induit une distance froide avec les évènements, comme si le lecteur faisait lui-même partie ce système… ce qui est probablement le cas ! Un régal !