L'histoire :
Le Ballroom est une modeste salle de concert au sein d’une grosse ville portuaire. Régulièrement, s’y produit Lionel Chevallier, un crooner de seconde zone sans charisme qui chante du Sinatra en costume, caché derrière d’épaisses lunettes autoritaires. A cette même époque, Iris, Martha et Valentin, trois jeunes, participent à un salon du disque, avec une petite excitation : ils ont monté un groupe de rock, « Supersonic pizza club », et vont jouer sur une scène du salon, pour la première fois devant du public, une reprise des Clash. Le public est modeste mais il écoute attentivement… jusqu’à ce qu’un vieil homme face une crise cardiaque. Cette première fois n’est donc pas une franche réussite, mais elle a le mérite d’avoir été un première fois. Le soir même, Valentin (le bassiste) fête son anniversaire des 27 ans avec ses parents, qui lui offrent un « bon pour un piercing » ! Célibataire, Martha la leader et guitariste aussi a 27 ans, et elle nourrit de grandes ambitions pour le groupe. Le soir même elle voit qu’une proposition pour se produire au Ballroom a été acceptée… 10 jours plus tard ! Elle est aux anges, comme une dingue ! Il va falloir répéter à fond et faire des photos un peu pro. Quant à Iris, grâce à son excellent niveau de batterie, elle reçoit des propositions pour jouer dans un autre groupe, mais n’en parle pas aux autres…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans cette chronique sociale en one-shot, Louise Laborie met en scène la jeunesse désœuvrée d’une bourgade portuaire, qui espère se réaliser à travers leur groupe de rock. L’autrice prend vraiment le temps d’installer l’ambiance hors du temps, les décors kitsh d’une période indéfinie et la psychologie des personnages. Le groupe se compose de l’ambitieuse Martha, la talentueuse Iris, le lunaire Valentin… Et puis il y a en arrière-plan ce personnage fantomatique de crooner, qui chante du Sinatra devant des salles à moitié vides, qui sonne l’alerte : même pétri de talent, il est impossible de briller au firmament des stars dans cette société culturellement en faillite. Le rythme narratif est lent, il n’y a jamais rien de très spectaculaire. On a parfois l’impression d’être dans ces westerns lents, où des tumbleweeds (boules de végétation séchée) sont roulés par le vent. Il n’est pas rare de tomber sur des planches dénuées de phylactères. Cela dit, il reste agréable de se laisser porter jusqu’au terme de l’histoire, ne serait-ce que pour voir si elle a une fin ! Le dessin super simple, sorte de ligne claire stylisée, se complète d’une colorisation dans des teintes majoritairement grises et rouges, avec une surcouche d’ombrages accentués.