L'histoire :
Dans une modeste cité balnéaire de la péninsule ibérique, Alma s’occupe de son cinéma de quartier, qui diffuse surtout de vieux films de la cinémathèque et d’art et d’essai. Jadis, elle a fait des études de cinéma jusqu’à obtenir un job de réalisatrice… mais la vie a fini par tourner autrement. De fait, elle est souvent l’unique spectatrice de son cinéma et donc aux premières loges quand il y a un problème technique dont est sensé s’occuper son mari Rio, projectionniste. Mais Rio s’absente souvent, notamment pour aller jouer aux échecs avec ses copains… ce qui exaspère Alma, à quelques jours du lancement de son festival consacré à Tetro Michelangelo, avec la projection de son chef d’œuvre, Saudade. Alma compte même sur la subvention du candidat à la prochaine élection municipale de son patelin, Cristobal, un politicard arriviste qui, au fond, se fiche pas mal de la culture. Alma ne s’attend évidemment pas à ce que des règlements de compte entre truands en cavale vienne semer la zizanie. Cisco et Misha préparent en effet un braquage de banque, profitant de la présence dans son coffre d’1,5 millions d’euros. Ils ont même deux complices et partenaires au sein de la police pour favoriser leur accès et organiser leur fuite. Tous quatre prévoient un partage du butin. « Prévoient »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est l’histoire d’un braquage de banque qui tourne en eau de boudin et en carnage, lorsqu’il s’acheve dans un modeste cinéma de quartier qui n’avait rien demandé. En auteur complet, Vincent Turhan nous présente tout d’abord à ses charmants animateurs de la vie culturelle locale d’un petit patelin balnéaire, hors saison. Leur seule motivation est d’obtenir une subvention pour leur « festival » dédié à un grand réalisateur oublié, dont le public réellement intéressé se comptera sur les doigts d’une main. Puis Turhan nous présente ses brigands et ses flics corrompus, pourris au point de chercher à s’arnaquer les uns les autres. Comme attendu, il y a braquage, fuite, cavale, planque du magot, traque, prise d’otage et règlements de comptes assez violent… L’un des malfrats tire son épingle du jeu en matière de charisme. Bref, tout se déroule comme dans un western, mais sur la côte portugaise : « Saudade » est un terme portugais qui se définit par une sorte de spleen doux et nostalgique. Et à une époque indéterminée globalement centrée sur les années 80 (zéro smartphone). Le dessin stylisé de Turhan, à base de brosses et d’effets de textures charbonnées, montre pas mal de classe et de caractère. Cette griffe originale et toute personnelle se révèle assez pratique pour dissimuler ses limites en termes de proportions et de régularité.