L'histoire :
Un pragois à grosse moustache et aux sourcils épais, marin de profession, vient de se faire larguer par texto. Il se retrouve avec deux billets de voyage pour Rome. Il appelle aussitôt un pote pour lui proposer de l’accompagner. Ils y vont, ils font un peu de tourisme, mais surtout, ils picolent un maximum. Ils se retrouvent à déambuler complètement bourrés dans les rues de la capitale italienne, sous le regard attentifs des carabiniers. Ils rentrent en titubant, en vomissant et en s’épaulant à l’appartement qu’ils louent. Le lendemain, ils se lèvent à midi. Ils demandent aux propriétaires de la chambre un coin sympa où ils pourraient trouver des meufs. Les deux gars ouvertement homos les envoient dans un quartier bizarre, la via Colombo. Les deux tchèques s’y rendent mais découvrent une zone industrielle… puis ils comprennent qu’on s’est bien foutu de leur gueule, quand ils voient un groupe de transsexuels poursuivis par la police. Ils se réfugient dans un taxi qui les ramène en centre-ville. Ils découvrent que leur piaule a été fouillée… C’en est trop. Ils décident de quitter leur appart et font leur bagage à la hâte. Ils passeront leur dernière nuit dans un bar à picoler, avec des supporters violents de l’AS Roma. La situation va dégénérer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre est explicite sur l’intention de l’auteur tchèque : « Single » en anglais signifie célibataire. Jiri Franta va donc tourner autour du destin célibataire d’un trentenaire pragois désœuvré, sans but de vie précis, sans nom, mais pourvu de (très) gros sourcils, d’une grosse moustache et d’un regard de méchant, toujours le même (avec les dents serrées). A vrai dire, le célibat est surtout synonyme de grosse biture fortement alcoolisée du début à la fin de l’ouvrage. Et aussi de bonnes bastons de supporters de foot hooligans. Qu’il soit avec un pote à Rome ou avec sa nouvelle copine à Prague (qui apprécie tout autant les bonnes grosses mufflées), c’est alcool à gogo et perdition futile. Ils picolent, ils sont bourrés, ils n’ont pas grand-chose à dire (comme des mecs bourrés), ils fuient les flics, ils trébuchent et ils se foutent sur la gueule : voilà un résumé à peu près juste des plus de 200 pages de cet épais « roman graphique » qui se développe à travers un découpage très très serrés, plein de petites cases… sans intérêt. Il n’y a bien qu’à bord du voilier où il bosse de temps en temps qu’il est sobre… mais ces séquences rares et courtes ne développent pas grand-chose de plus. En fait, 98% de ce qui est montré, sur le propos très succinct, n’a aucun intérêt. Pour autant, certaines cases géantes et séquences « animées » dans Rome, dans Prague, dans les stades (wow, les p.122-123 !), dans les bastonades de rues (wow, les p.126-127 !) ou dans ses rêves délirants (sur fonds de pages bleus et verts), sont impressionnantes de détails. Le trait de dessin est aussi souple qu’un ivrogne qui tombe dans l’escalier et qui se relève sans bobo. Les personnages souvent stylisés (mais pas que) se meuvent dans des décors souvent réalistes. En somme, voilà une désarçonnante initiation à la bande dessinée tchèque ! Hips.