L'histoire :
Min-Sun vit dans la banlieue de Séoul. Elle est au CE2 et comme la plupart de ses amis, elle passe de nombreuses soirées à la piscine du centre sportif de Chung-Woo. Elle n’aime pas beaucoup la natation et se moque pas mal, contrairement aux autres, de se retrouver dans le groupe « canards » des débutants ou dans celui des « pro ». Elle réserve sans rougir ce privilège à sa sœur, Min-Jin, ou à la jolie Hee-Young que toutes les camarades envient. Il faut reconnaitre qu’on doit se sentir bien quand on est première à l’école, forte en sport et belle comme tout. C’est loin d’être le cas de Min-Sun, qui ne comprend pas bien toute cette agitation, qu’il s’agisse de nager, d’ailleurs, ou de jouer à la balle au prisonnier. Elle préfère, quant à elle, observer les bestioles dans la volière et s’amuser des grossièretés prononcées par la maitresse, lorsqu’elle sort de ses gonds. Et puis il y a la vie en famille. Une vie avec des parents très occupés et avec une maman qui passe son temps à jouer à la bourse. Une activité qui permet bientôt à tous de déménager…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La fin des années 80. La banlieue de Séoul. Une architecture morne constituée de gros cubes austères. Une petite fille de 8 ans. Et puis sa sœur, ses copines, sa maman… En nous proposant d’accompagner Min-Sun, cette gamine rapidement attachante (incontestablement), Yoo-Sun Park en profite pour nous livrer une habile photographie de son pays. Fièvre du miracle économique, pouvoir de l’argent, culte de la réussite, déplacement des valeurs servent ainsi de fil rouge (avec les séances à la piscine) et s’inscrivent en filigrane pour nourrir le récit. Mais bien vite, il faut le reconnaitre, on oublie où l’on est. On se moque alors de la critique sociale murmurée, pour s’attacher à ce petit bout de chou ne cherchant pas d’autres choses que de grandir et d’être aimé. On souffre avec elle du peu de place qu’elle semble prendre dans la vie des siens. On sourit de ses petites méchancetés ou des mauvais coups qu’elle joue. On constate avec elle que le Monde est cruel et qu’il est bien difficile de s’y adapter, si le moule proposé ne convient pas. Bref, on « empathise ». De ce coté-là, l’exercice est des plus intéressants et d’ailleurs parfaitement transposable où que l’on soit sur notre planète. Cela a peu d’importance ou d’intérêt, au final, qu’il s’agisse ici de la Corée : la gamine nous aurait touché tout autant à New York, Lille ou Calcutta. Le dessin joue le minimum, surmonté d’une élégante colorisation bichromique, il transmet néanmoins parfaitement l’émotion. Pour amateurs de récit intimiste, avant tout.