L'histoire :
Ce soir-là, le shérif est dérangé chez lui par son adjoint. Une bagarre a encore éclaté au saloon de Bennie. ET c’est encore Holland Winchester qui en est à l’origine. Sur place, le shérif constate les dégâts, à la fois dans la salle, mais aussi sur les gueules ensanglantés des bagarreurs. Winchester ne nie pas son implication et il paie 10 dollars pour les réparations. Le shérif est magnanime, car Winchester est un héros de guerre. Mais il le prévient : qu’il ne recommence pas, sinon la prochaine fois, ce sera la prison. Quelques jours plus tard, l’adjoint dérange une nouvelle fois le shérif, par une journée suffocante. Holland Winchester a disparu et sa mère est persuadée que quelqu’un l’a tué. Le shérif part donc enquêter… Chemin faisant, il interroge au saloon et se rend chez la mère Winchester. Celle-ci est affirmative : son « petit gars » est mort et c’est Billy Holcombe qui l’a tué. Le shérif s’en va donc interroger Billy Holcombe, alors qu’il bèche dans son champ. Ce dernier est poli, mais à peine ému par la question du shérif. Il n’a pas vu Holland Winchester et il le préviendra s’il le voit.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le registre policier a produit quantité de fictions, tous supports confondus. Ces derniers temps, peut-être le public est-il blasé, peut-être les créateurs sont moins inspirés… Toujours est-il que ledit genre a tendance à dépérir au sein du 9ème art. Jusqu’à cette pépite de Michèle Foletti, adaptée du roman de Ron Rash. Dans le fond, une histoire d’adultère qui découle sur un meurtre est pourtant très classique. Surtout qu’on devine relativement rapidement qui est le meurtrier et le mobile du crime. Mais la manière donc Foletti narre cela, selon les quatre points de vue successifs : du shérif, de la femme adultérine, du mari accusé de meurtre et enfin de l’adjoint, est particulièrement savoureux. Totalement et définitivement accrocheur. Foletti prend le temps de développer une atmosphère pesante, de s’attacher aux détails. Et cela s’accorde à merveille à la chaleur moite de la Caroline du Sud en plein été. Une voix off à la première personne s’immisce régulièrement entre les cases et ajoute encore à la tension. Des mystères perdurent et s’élucident sur le tard : comment le meurtrier a-t-il dissimulé le corps ? Le meurtrier sera-t-il confondu et arrêté ? Et même si le dessin n’est pas très « esthétique », et que la colorisation vive tranche radicalement avec les traditionnelles ambiances obscures du registre, il a le mérite d’être cohérent de bout en bout et de parfaitement installer le suspens. Ça c’est du polar !