L'histoire :
Dans l'Amérique des années 20, Roscoe est électricien. Il rencontre Mary dans la rue, un livre à la main, et ils discutent autour d’un verre de sa passion pour la lecture et les oiseaux… Quelques années plus tard, ils vivent dans la ferme de Mary, héritée de son père, mais Roscoe n'a pas du tout l’âme d’un farmer. Il est devenu violent et amer face à cette pesante vie de labeur. La ferme est au bord de l’hypothèque, sans possibilité d’embauche de main d’œuvre pour les récoltes de maïs imminentes. Il a alors l'idée de détourner la ligne électrique existante de l’Alabama Power pour alimenter sa ferme. Il achète à crédit le matériel de câblage chez M. Bean et demande l’aide de son métayer noir, Wilson, pour l’installation. Cette ingénieuse idée va l’aider à sauver la ferme par davantage de productivité avec les machines agricoles qu’il parviendra à motoriser grâce à un courant de 220 volts, et à la faire prospérer. Mais un soir, le shérif frappe à sa porte. Un grave accident s’est produit à l’endroit de la dérivation...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette adaptation littéraire du premier roman de Virgina Reeves est plutôt réussie. L’ambiance des années 20 est bien restituée, en partie grâce à un graphisme volontairement rétro, certes un peu criard, mais efficace. Les farmers en proie à la misère survivent comme ils le peuvent, dans le même esprit que Les raisins de la colère de John Steinbeck. Les éléments constitutifs de cette Amérique en début de modernité sont réunis : la ségrégation raciale, la résistance au changement des habitants, qui voient l’arrivée de l'électricité d’un mauvais œil, alors qu’elle sera plutôt salvatrice et allégera les conditions de travail de l’époque. Les difficiles conditions de vie dans la prison d’état de Kilby sont décrites… Ajoutons à cela une dimension humaine dramatique, celle de la rancœur et de la culpabilité au sein d’une famille déjà meurtrie par un contexte économique morose. Et l’espoir que nourrit Roscoe, de retrouver sa femme et son fils après son incarcération, sera vain ; le retour à la réalité, trop brutal pour lui. Tout lui rappellera ce pour quoi il s’est absenté malgré lui. Cette électricité sera la cause à la fois de son bonheur, puis de son malheur. Après tout, ce n’était qu’un travail comme un autre…