L'histoire :
Après quelques heures de route, François et sa petite famille arrivent à bon port : la maison du bord de mer de ses parents semble être le havre de paix idéal pour recharger les batteries. La présence de son frère cadet et des siens sera aussi l’occasion de passer quelques jours agréables de vacances en famille. Pourtant, la portière de la voiture à peine claquée, François se tend irrémédiablement. La suite des événements n’est qu’un enchainement de petits déplaisirs qui confirment finalement l’appréhension de l’ainé de se retrouver en famille. Ainsi, il se sent humilié lorsque tout le monde s’amuse de sa passion pour les églises lorsqu’il était gamin ; il s’agace de voir son père remettre en cause son autorité devant son fils Thomas et s’offusque quand Christian son frère lui propose de lui prêter de l’argent alors qu’il n’a rien demandé : tous semblent se liguer pour une nouvelle fois lui démontrer qu’il n’est bon à rien, pour lui donner le sentiment qu’on ne l’aime pas. Et pour ne rien arranger, les fils des deux frangins semblent avoir reçu une éducation diamétralement opposée : le genre de mèche qui ne demande qu’à s’allumer pour semer une belle zizanie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce qui frappe avant tout à la lecture de ce récit, c’est la justesse de l’observation : le passage sous la loupe de cette cellule familiale ne produit aucune dissonance et pourra même faire écho chez la plupart d’entre nous (pour peu qu’il soit issu de la même génération que les principaux protagonistes). Souvent présentée de manière idyllique ou à l’inverse ultra-déchirée, « la famille » mise en lumière par Julia Walters et Glen Chapron joue le subtil entre-deux : un bonheur apparent et réel, à condition de ne pas gratter trop profondément. Dans ce récit, la famille se heurte aux non-dits, ces sentiments (souvent sans véritables fondements) avec lesquels on grandit et qui, au fil des années, pèsent de tout leur poids. Les thématiques développées par le scénario et qui papillonnent autour de la famille, ne sont ni originales, ni véritablement creusées, au risque de ne pas contenter certains. Cependant, le choix opéré d’un instantané de vacances offre un contraste judicieux entre le cadre idéal du bord de mer et la tension croissante des antagonismes. En outre, il se révèle parfait reflet de la réalité : souvent l’abcès se perse brutalement, puis chacun passe à autre chose. On se retrouve quelques temps plus tard heureux d’être à nouveau ensembles et l’on fait comme si de rien n’était. Cette fois, tout de même, l’ainé repartira le cœur un peu plus léger, grâce aux conseils de son papa. Graphiquement, le trait dynamique et séduisant de Glen Chapron se porte à la hauteur de cette petite dissection. A lire pour mieux regarder les siens…