L'histoire :
Prosper est enfin en Espagne. Il marche sur les traces de César, en cherchant notamment l'endroit exact où l'empereur romain a battu ses ennemis, les fils de Pompée. Pourtant, ce n'est pas cette grande aventure archéologique et historique que veut conter le narrateur. Alors que lui et son guide arrivent dans la plaine de Cachena, il découvre un lieu magnifique. Doux havre de paix où une source d'eau coule paisiblement le long d'une fine couche d'herbe, l'endroit a tout du paradis. Un autre homme a déjà repéré ce lieu unique, il se repose tout près du bassin. Quand il entend les étrangers approcher, il se lève, le regard méfiant, et se saisit de son fusil. Son teint est hâlé et son accent témoigne d'une origine andalouse. Le narrateur ne s'inquiète pas pour autant et se rapproche tranquillement de la source. Il s'allonge alors et demande du feu à l'homme au fusil. Celui-ci se détend quand il se voit proposer un beau cigare de La Havane. L'Andalou raconte qu'il est pressé de se rendre à Cordoue. En effet, il doit voir des juges pour un procès. Antonio, le guide, semble de plus en plus mal à l'aise...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alice, Esmeralda, Frida Kahlo, Marie Antoinette... Ces femmes ont un point commun : elles ont été transformées et sublimées par l'art de Benjamin Lacombe. Il manquait encore une autre femme tragique et légendaire : Carmen ! Le personnage farouche et épicé créé par Prosper Mérimée est devenu un véritable mythe moderne, tout comme la célèbre Esmeralda. Ce roman illustré fait la part-belle à l'aventure, à l'amour et à... l'Espagne. L'intrigue est parfois un prétexte à visiter les contrées andalouses avec des spécialités culinaires, des idiomes espagnols ou des coutumes locales. Cette œuvre du XIXème est aussi étonnamment moderne pour l'époque. Les personnages s'essaient au brigandage et le tempérament sulfureux des hors-la-loi est plutôt séduisant. Il faut dire que l'amour est au centre de tout ; quiconque croise la belle Carmen est prêt à vendre son âme au diable pour partager son quotidien. La femme balaie toute virilité mal placée. Par son pouvoir de séduction, elle dirige le monde et les hommes. Tout est donc réuni pour et par le talent unique de Lacombe. Comme bon nombre de ses adaptations littéraires, l'auteur propose un ouvrage magnifique avec une couverture sublime. Jouant sur des effets de matière et de transparence, Carmen y apparaît comme une beauté fatale dont le châle se change en toile d'araignée. Chaque illustration est un émerveillement, tant les peintures de l'artiste sont saisissantes. Dans cette œuvre, Lacombe fait dans la sobriété en évitant les décorations ou les enluminures, mais ses dessins sont parmi les plus beaux qu'il ait jamais réalisés. Dans des couleurs chaudes et une ambiance très western, l'artiste sublime la puissance enflammée de l'œuvre et du personnage. Carmen signifie « poème » ou « charme » en latin : l'art de Lacombe est une véritable poésie visuelle qui charmera n'importe quel mortel...