L'histoire :
Jung est prêt, cette fois. Cela fait plus de quarante ans qu’il n’y est pas retourné. Sa valise est faite et il s’apprête à partir en Corée. Il commence par prendre le bus pour aller à l’aéroport. Cela lui rappelle son voyage à Barcelone quand il avait 21 ans. Mais pour expliquer cela, il faut retourner en arrière. A l’époque, il vivait en colocation avec Valérie dans un appartement à Bruxelles. Tout se passait bien, même si parfois, Valérie lui rappelait sa mère adoptive à toujours lui rappeler ce qu’il devait faire. Cependant, il sentait toujours une forme de mal-être insidieux. Un jour, pour l’aider, Valérie lui propose de fumer du cannabis, mais il ne fume pas. Qu’à cela ne tienne, il en prend dans sa tisane. L’effet est immédiat et ils s’endorment tous deux au bout de trente minutes. Au milieu de la nuit, il se réveille en sueur et quasi paniqué. Il voit les choses plus lentement, il est victime d’hallucinations. L’ampoule est un immense œil qui le fixe tandis qu’un dauphin avec la voix de sa maman coréenne lui dit de s’installer dans le Sud où la chaleur le réconfortera. Cette même chaleur qu’il recherche dans les bras d’une mère qu’il n’a jamais connue. Il a donc décidé de partir à Barcelone !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’intégrale de Couleur de peau : miel s’achève sur ce deuxième tome qui regroupe les tomes 3 et 4. La séparation tombe plutôt bien puisque ces deux derniers tomes sont comme le signe de la « maturité » chez Jung qui se représente presque exclusivement en adulte. Les deux tomes ont toutefois des accroches étonnantes et très différentes : le voyage de Corée pour le tome 3 et le retour à la maison de Bruxelles pour voir sa maman dans le tome 4. Jung parle toujours de l’adoption, bien sûr, mais il prend aussi beaucoup de recul. Il élargit ainsi le sujet à d’autres coréens (près de 200 000 ont été adoptés) et évoque également son présent plus que son passé, avec la nécessité de devoir vivre et penser à l’avenir malgré le poids de l’enfance. On retrouve toujours des symboliques fortes et des métaphores émouvantes, parfois pesantes, comme le masque de théâtre sur le visage, les émissions de télé-réalité sur les adultes adoptés qui recherchent leurs parents, les fameuses Ajumas, la récurrence du puzzle ou encore, le dialogue fictif avec l’enfant qu’il était… La fraîcheur et l’humour sont peut être moins présents mais le ton n’en est que plus profond et sensible. Même la question du suicide est abordée avec évidemment, le retour sur l’événement tragique qui a coûté la vie à Valérie. Le dessin d’ailleurs évolue également avec un noir et blanc plus sombre et un trait à mi chemin entre un style réaliste qu’on retrouve dans d’autres de ses séries et le style rond et animé des premiers tomes. Cette série, qui aura marqué la vie de Jung et bon nombre de lecteurs dans le monde, se termine comme elle a a commencé : avec un cœur énorme. Jung le dit lui-même : l’une des choses qui l’a sauvé et qui a comblé le terrible vide de l’abandon, est l’art et le dessin. Nul doute que cette œuvre forte aura aussi le même pouvoir chez beaucoup de lecteurs…
