L'histoire :
Adolescent, Earl Dumarest est un habitant de la Terre, une planète bleue qui peine à renouer avec la civilisation, apparemment après une apocalypse. Ce jour là, Earl fuit son maître, car il en a assez d’être fouetté : au terme d’une journée de chasse, il n’a rapporté qu’un lézard à la grotte. Déambulant de nuit, frigorifié dans la neige, il tombe nez à nez avec une navette spatiale. Il n’a jamais vu pareil engin et le prend pour un abri. Il s’y réfugie… et se cache lorsque l’équipage remonte à bord et décolle. Il est rapidement repéré et dans sa grande bonté, le capitaine l’intègre à l’équipage. Bien des années plus tard, Earl est devenu un « aventurier de l’espace ». Ce jour-là, en sortant de son cocon cryogénique, il apprend que la navette dans laquelle il avait pris place a été dérouté vers Gath, une planète isolée à l’autre bout de la galaxie. Il s’agit d’y conduire la respectable Matriarche de Kund, afin qu’elle s’entretienne avec… un mort. En effet, la particularité de Gath, ce sont ses tempêtes qui permettent de parler quelques minutes avec des morts. Au débarquement, Earl constate que parmi la garde rapprochée de la vieille matriarche, se trouve un de ces agents froids et déshumanisés, un cyber du Cyclan. Mais elle est également accompagnée de la belle princesse Seena, à qui elle envisage de léguer son trône…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste multi-casquettes Richard D Nolane adapte ici en BD le premier des 32 romans composant la saga de science fiction L’aventurier des étoiles, écrite dans les années 60-70-80 par l’écrivain anglais Edwin Charles Tubb. Et c’est une drôlement bonne idée, car une fois tournée la jolie couverture de Benjamin Carré (sur laquelle Clint Eastwood pose dans la peau de Dumarest) on se fond rapidement dans des aventures fluides et agréablement rythmées. Certes, le style de dessin de Chrys Millien n’a strictement rien à voir avec la couverture (c’est toujours un peu chiffonnant…), mais l’artiste ne démérite aucunement. Son coup de crayon semi-réaliste convient tout à fait au développement de cette saga qui trouve le juste milieu entre la « hard-SF » imbitable et la légèreté stéréotypée des univers d’Arleston (Lanfeust d’Ythaq et consort). De part l’apparence darkvadorienne du cyber, ou l’idylle naissante entre la princesse et l’aventurier, ce début de saga rappelle le monolithique Star Wars. Mais les concepts, personnages et paysages originaux permettent aussi de loucher du côté du Cycle de Tschaï ou de Mayam. Dans la première intrigue, Dumarest devenu bodyguard d’une princesse en proie à des tentatives d’attentats, déjoue un complot politique. Il fait surtout un premier pas vers une vaste quête : en cette ère futuriste, le souvenir même de la Terre a disparu de la mémoire collective… Mais pourquoi ? Comment ? Dès lors, Dumarest n’aura de cesse de retrouver notre planète, au sein d’une civilisation stellaire qui a perdu la mémoire de ses origines. Une bonne surprise de SF débute (un genre un peu boudé, ces derniers mois), qu’on espère réitérée rapidement pour un deuxième épisode (baptisé Derai ?).