L'histoire :
1920. La canicule a pris ses quartiers dans l'Essex. Emma G. Wilford passe son temps à écrire des poésies et à se baigner en tenue d'Ève dans le bassin à nénuphars de la propriété familiale. A côté d'elle, sa sœur Elizabeth, accablée par la chaleur et enceinte, lit tranquillement Vogue. Quand l'heure du goûter sonne, la servante Doris s'avance et donne aux deux jeunes femmes de quoi se rafraîchir. Elles sont rejointes par Charles, l'époux d'Elizabeth, banquier de son état. Une fois qu'Emma s'est éclipsée, Charles évoque le projet d'Emma : aller voir la célèbre Royal Geographical Society. La jeune poétesse s'est mise en tête de retrouver Roald disparu en Laponie, sur les traces de son père. Les deux tourtereaux s'étaient promis de se marier pour les 20 ans d'Emma. Le lendemain, Emma profite de la voiture de Charles pour se rendre à Londres. Pendant le trajet, Emma fait la conversation avec Charles, lui reprochant d'avoir essayer de la violer, le 25 avril dernier...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce qui frappe d'emblée avec Emma G. Wilford, c'est l'écrin délicat dans lequel l'album est inséré. Quand on l'ouvre l'album, broché, avec une couverture en rabat aimanté, on découvre un carnet art déco au motif évoquant la roue du paon. Ensuite, de petits goodies viennent agrémenter la lecture, savamment insérés à l'intérieur de certaines pages. Mais chut, il est important de ne pas spolier le récit. Zidrou prouve une nouvelle fois qu'il est l'un des scénaristes les plus talentueux et protéiformes du moment. Son histoire est d'une élégance rare, tantôt accompagnée de vers d'une grande délicatesse romantique et tantôt de punchlines franches du collier d'Emma, digne d'une suffragette avertie ! L'auteur belge à l'accent andalou montre une nouvelle fois sa capacité d'adaptation, car il livre un scénario sur un plateau à Edith, à l'univers d'ordinaire diamétralement opposé à Zidrou. Ce mariage est une réussite. Que dire d'Edith qui, de la campagne anglaise à Londres, en passant par la Laponie, gratifie l'album d'une performance graphique de haute volée. Teinté de couleurs d'une douceur infinie, son dessin est une valeur sûre. Emma G. Wilford est une belle trouvaille qui fait logiquement partie de la Sélection du 45ème Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême. Un excellent choix de la part du jury !