L'histoire :
Par une belle journée ensoleillée, il y a de l’animation dans les immeubles d’en face. Deux ouvriers parlent avec le patron du Penalty des travaux à effectuer pour ravaler la façade. Sous les toits du premier appartement, le locataire se réveille péniblement. Sa voisine quant à elle, vient de prendre une douche et déambule à moitié nue devant sa fenêtre pour observer les badauds qui passent. Au Lavomatic, un client a du mal à tenir son chien en laisse, quand celui-ci aperçoit dans la rue un de ses congénères. Dans un autre des appartements, un modèle se prépare à prendre la pause pour un artiste-peintre. Pendant ce temps, la résidante de l’étage du dessous, bien installée dans son fauteuil, regarde un film d’Hitchcock. Au balcon fleuri du 1er étage d’un des quatre immeubles, un couple de tourtereaux coule une douce romance tout en déjeunant. Au-dessus du bar, une famille s’éveille et aère son logement. Dans l’appartement, à la fenêtre obstruée par des barreaux, on peut deviner une discussion houleuse entre un homme et une femme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce « leporello » (livre frise ou accordéon), inaugure une BD concept de la collection Noctambule (avec les récits du Yin et du Yang). Ici, le décor est unique : Pascal Rabaté a découpé en une vingtaine de vues la façade de quatre immeubles (sans volet). Tel un photographe, le lecteur installé devant son ouvrage saisit l’intimité de ces « voisins » d’en face, à différents moments de la journée : côté pile en matinée et coté face en soirée. Dans chacun des appartements se déroule des histoires de couple, des histoires d’amour, des ruptures, des tromperies et même un meurtre. Ce récit muet transforme alors le lecteur en voyeur qui, au fil des tableaux, est livré à son imagination. Il se construit une histoire, fantasme, imagine ce qui se joue hors-champs ou quand l’appartement est plongé dans la pénombre. Chaque nouvelle lecture peut donner lieu à une nouvelle interprétation de ce qui se passe dans ces lieux, peut se découvrir dans une « chronologie » différente. Inspiré par Fenêtre sur cour, Rabaté cinéphile (mais également réalisateur de cinéma) rend un hommage ludique à Tati et Hitchcock, en leur faisant notamment référence dans chacune des saynètes. Avec ce livre objet doublé d’une réflexion sur le « médium BD », l’auteur nous offre une nouvelle facette de son talent artistique étendu, tant sur le plan de l’originalité du scénario que du dessin, avec ces acryliques très lumineuses. Un album à cheval entre le 7ème et le 9ème art, et qui se conclut comme au théâtre…