L'histoire :
Vers la fin du XIVe siècle, dans la cour du château de Fontainebleau, paysans, soldats et membres du clergé enflamment un bûcher. Au sommet de celui-ci, deux sorcières sont condamnées pour avoir enlevé 21 enfants du village, demeurés introuvables. Tandis que le châtiment se déroule, dans toute sa cruauté, une sorte de mini tornade venue de nulle part s’abat sur la foule… L’œuvre du diable ? De nos jours, dans la forêt attenante au même château, un couple de parisiens, Franck et Bénédicte, sont en balade. Au détour d’un bosquet, ils découvrent une ruine, somptueuse, pour laquelle ils ont un véritable coup de foudre. Ils ont mis de côté de jolies économies et décident d’un commun accord de l’acheter. Le soir, dans un restaurant de la localité, un serveur les met pourtant en garde : la bâtisse est hantée ! Moult exactions sataniques s’y sont déroulés depuis plusieurs siècles, provoquant à chaque fois des manifestations spectaculaires : chevaux massacrés, puits empli de sang les nuits de pleine lune, combustions spontanées… Surtout, les propriétaires successifs sont tous morts dans d’étranges conditions. Ces infos ne rebutent pas le moins du monde Franck, doté d’un pur esprit cartésien, et renforce plus encore son envie d’acquisition et de réfection…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Christophe Bec, le scénariste de l’épouvante, a encore frappé. Le directeur de la bien-nommée collection « Hanté » des éditions Soleil orchestre ici une histoire très classique dans le domaine, mais efficace. Pour le synopsis : un couple tombe amoureux – triple hélas – d’un manoir en forêt de Fontainebleau ; on les avertit du caractère hanté ; ils n’en ont cure ; ils achètent et restaurent la bâtisse ; ils s’en mordront les… pissenlits. L’horreur, plus psychologique que visuelle, va croissante, passant par un melting-pot des éléments récurrents du genre : murs dégoulinant de sang, apparition furtive d’un ectoplasme abominable dans le grenier, découverte d’une crypte oubliée ayant servi à des messes sataniques, recours à un exorciste… Si l’originalité n’est pas au rendez-vous (pour les habitués), Bec a toutefois l’intelligence de ne pas en faire des tonnes sur les aspects spectaculaires, préférant gérer la montée de la tension à travers les ambiances. La mise en relief est assurée par l’italien Alessandro Bocci, jusqu’alors inconnu en France. Le rendu ultra-réaliste de ses planches – un style que Bec affectionne particulièrement – fait évidemment mouche sur notre épiderme… Le frisson se poursuit même au travers du petit documentaire annexe, qui rajoute encore de la crédibilité au récit, en focalisant sans avoir l’air d’y toucher sur quelques autres demeures hantés… De quoi contenter les plus blasés et susciter des cauchemars chez les plus tendres… BOUH !