L'histoire :
Un chiffonnier quelque peu farfelu, nommé Hadi, écume les rues et les cafés de Bagdad en clamant haut et fort que le corps qu’il avait soigneusement dissimulé a disparu ! Aux tables des troquets, personne n’ose le croire, Hadi ayant la réputation d’être un menteur et souhaitant attirer l’attention sur lui. Mais il y avait bel et bien un corps, recomposé à l’aide de morceaux de cadavres récupérés sur des scènes d’attentats suicides. Les pauvres âmes victimes des kamikazes sont devenues malgré elles les avatars des expérimentations morbides du bon Hadi. Mais Bagdad est une grande ville, et les témoins sont nombreux. Il y a bel et bien eu des attentats, Hadi était bel et bien sur les lieux et sa création a bel et bien été aperçue errant dans les rues foisonnantes de vie de la grande cité. Alors que différents protagonistes tentent de débusquer la vérité derrière ces apparitions, la créature semble avoir été recueillie par une vieille femme en deuil de son fils. La créature déambule dans les rues à la recherche d’un but, telle une créature de Frankenstein livrée à elle-même dans les rues de Bagdad…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Antoine Ozanam et Antonio Cittadini livrent ici l’adaptation du roman de Ahmed Saadawi Frankenstein à Bagdad, récompensé du prix de l’imaginaire 2017. Or le moins que l’on puisse dire, c’est que cette adaptation ne rend pas honneur à l'œuvre originale… Ozanam propose en effet un écrit très laborieux et complexe à suivre, où les motivations des personnages et tenants et aboutissants de leurs quêtes perdent le lecteur. La profusion de personnages intervenant ici et là n’aide pas à la bonne compréhension et leur identification est plus que laborieuse. Pire encore, la créature donnant son nom à la bande dessinée, ne semble être qu’une silhouette dépossédée de son œuvre. Graphiquement, Cittadini souffle le chaud et le froid avec tantôt des plans sympathiques sur les rues de la ville et les effets tragiques dus aux attentats, et tantôt des personnages mal exécutés, aux visages tordus et peu identifiés et identifiables. Le design de la créature, quant à lui, est des plus oubliable et aurait mérité un peu plus d’éléments sanguinolents ou étranges, aux vues de ce que le scénario passe son temps à dire… Mauvaise pioche pour ce Frankenstein à Bagdad. Voulant proposer une réinterprétation du mythe de la créature en BD, d’un point de vu social et moderne (avec en toile de fond les attentats et le climat ambiant au moyen orient), le travail d'Ozanam et Cittadini se prend les pieds dans le tapis faute à une écriture trop alambiquée et un dessin trop souvent brouillon. Dommage, au vue du postulat annoncé…