L'histoire :
Dans un laboratoire militaire de San Francisco, deux chercheurs tentent une énième expérience pour découvrir s’il existe une particule sub-quantique inférieure au quark. Dans un éclair, leur accélérateur de particules bugue… ils abandonnent et rentrent chez eux. Le soir-même, le professeur Matheson emmène son fils adoptif Kyle à un match. Or sur la route de campagne qui les y emmène, une « langue » étrange sort du bitume et ils ont un terrible accident. A son réveil, une psychologue apprend à Kyle que ses parents sont morts. Quinze jours plus tard, des unités militaires sont en ébullition aux abords d’un village qui a subi une catastrophe surréaliste : c’est comme si toute la zone avait été « dé-molécularisée », puis « re-molécularisé ». Le président Foster, qui manigance alors avec ses conseillers pour sa réélection, croit à un premier contact extraterrestre… une aubaine ! Cependant qu’il se perd en conjectures dans son QG de campagne, un être humanoïde mystérieux, en costume blanc, apparait soudainement au milieu de la pièce. Par la simple pensée, il fait exploser les têtes les garde du corps et des secrétaires, afin de s’entretenir en tête à tête avec le président. Il l’emmène dans un improbable et court voyage aérien, et lui prouve ainsi qu’il a le pouvoir de détruire la planète et les terriens… sauf si les hommes du Président trouvent pour lui un adolescent nommé Kyle Matheson. En attendant, Foster est détenu « en otage »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Indicible se présente comme un thriller fantastique et de science-fiction, en diptyque, très engageant dans sa mise en bouche. La problématique de départ surfe sur les récentes recherches scientifiques concernant les infimes particules de la matière (le boson de Higgs). Certains scientifiques ont en effet réellement craint que les expériences faites dans le gigantesque cyclotron du CERN à Genève ne génèrent un trou noir ! Or, étant donné que la cosmologie demeure largement le domaine de l’inconnu (on n’étudie jamais que les 5% physiquement étudiables de l’univers), de l’infiniment petit à l’infiniment grand, voire à l’infiniment rien, il n’y a qu’un pas. Dans Indicible, c’est une de ces expériences, réalisée au sein d’un légendaire labo secret militaire américain, qui est à l’origine d’une passerelle contre-nature entre deux pans de la réalité, et qui déclenche une apocalypse d’un type nouveau. L’ado détenteur d’une puissance de destruction n’est certes pas une nouveauté (Akira, Bunker…), mais reconnaissons à Patrick Renault de mener admirablement son affaire. Le scénariste parvient à rattacher un héros de proximité – l’ado a ses tourments intimes – et une puissance infinie, limite divine, « néfaste » et inconnue. Les gourous d’Hollywood s’éclateraient en effets spéciaux pour produire un pareil film catastrophe. L’avantage de la BD, c’est que le papier n’a pas les mêmes limites budgétaires et qu’en plus, le scénario peut se permettre d’être un brin chiadé. En dépit de scènes de ravages très spectaculaires signées Francisco Ruizge, aux encrages réalistes parfaitement dans le ton, l’intrigue réussit donc le tour de force de demeurer cohérente et haletante. On se demande juste pourquoi une créature omnipotente ne peut se charger elle-même de dénicher un adolescent. Mais c’est justement ce biais qui est à l’origine du rythme et des enjeux palpitants qui devront nécessairement se dénouer dans le second tome…