L'histoire :
30 septembre 1888 : malgré la présence des watchmen, c’est la terreur dans le quartier de Whitechapel. Un homme assassine en effet sauvagement des prostituées. La presse l’a appelé « Jack l’éventreur ». A ce jour, deux meurtres abominables ont été commis : Mary Ann Nichols et Annie Chapman. Cependant, une nouvelle fille de joie est retrouvée affreusement mutilée. Fréderick Abberline est chargé de l’enquête, assisté de George Godley. L’enquête est difficile car le commissaire Warren est un homme peu commode et refuse de mener l’enquête auprès des médecins ou d’arrêter tout fiacre royal. De plus, la situation est tendue dans les quartiers de Londres et le chef syndicaliste Lusk profite des difficultés pour rameuter tous les habitants et soulever les foules. Abberline le soupçonne de vouloir mener l’enquête pour améliorer son image et prendre le contrôle de la ville. La police soupçonne John Pizer, un déséquilibré qui a déjà fait un séjour au service des aliénés et qui a été vu en présence de la première victime de Jack. Abberline va faire marcher ses réseaux et profiter de son passé sulfureux à Whitechapel pour trouver la clef de l’énigme. Pourtant, « le quartier était un labyrinthe… il avait désormais son minotaure… »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’histoire démarre fort puisque dans un flash forward, une voix off nous apprend d’entrée de jeu qui est le fameux Jack L’éventreur ! La surprise est de taille quand le nom est lâché. Puis retour en arrière brutal, sans autre explication. Le lecteur plonge alors dans une atmosphère bien connue : les quartiers malfamés de Londres à la fin du XIXème siècle, hantés par la figure cauchemardesque du tueur. Toute l’histoire vue et revue de Jack l’Eventreur se déploie sous nos yeux, avec ses figures devenues quasi légendaires : le commissaire Warren, l’inspecteur Abberline, le médecin Gull, Lusk… Dans un univers sombre et gothique (on est proche de Dracula), l’ombre de Jack envahit la ville et distille une atmosphère pesante et angoissante. Le rythme du récit est très nerveux et le scénariste aime jouer sur les rebondissements spectaculaires et violents. Malgré la révélation du début, il n’y a pas de répit pour le lecteur, qui découvre avec horreur les actes sanglants de Jack. Dans un dessin dynamique et moderne et des couleurs sombres, l’atmosphère est parfaitement rendue. Ici, le Londres du XIXème avec ses ruelles pavées étroites et obscures est au moins aussi important que la figure du mystérieux assassin. A ce titre, Jean-Charles Poupard offre un travail de qualité (on pense au style de Christian Rossi à ses débuts), sans parler de la magnifique couverture. C’est aussi l’occasion de découvrir des détails intéressants sur l’affaire et les protagonistes de l’histoire. Cependant, on est très loin du travail de fourmi par Alan Moore dans son fameux From Hell (avec ses centaines de pages d’annexes !) En effet, François Debois ne s’embarrasse pas de vraisemblance et mêle allègrement l’authentique et la fiction. Ainsi, certains personnages ont un passé tout à fait farfelu (Abberline est un « bad boy » des quartiers de Londres, hanté par un souvenir d’enfance douloureux) ou un rôle totalement fantasque. Du coup, d’une terrible histoire vraie, on bascule dans un thriller inquiétant et parfois rocambolesque. Cette (grande) liberté vis-à-vis de la réalité va en désarçonner plus d’un, mais amènera les novices à découvrir l’histoire du terrifiant serial-killer.