L'histoire :
Tout débute avec une citation attribuée à William Shakespeare : « La folie fait le tour du globe, comme le soleil elle brille partout ». Au cas où vous en doutiez, l'introduction de Lydia Lacombe-Csango, Docteure en psychologie, le confirme. « Dans cet ouvrage, Sébastien Perez et Marco Mazzoni s'aventurent à explorer ce que Sigmund Freud appelait « la psychopathie de la vie quotidienne ». Ce faisant, ils s'inscrivent dans une longue tradition artistique, toutes disciplines confondues. » Alliant mots et graphisme, ils définissent à leur façon des pathologies, de la plus discrète à la plus visible. L'aventure nous mène à travers un centre qui pourrait ressembler à un hôpital psychiatrique. Puis vient le premier mot : Anorexie. Une petite histoire avec une mise en situation. Et pour mieux s'approprier l'affection, quelques cases illustrées. Par contre, nul humain ne sert les représentations. Seule la nature se montre à travers des charmants oiseaux, de délicates plantes, des poissons mystérieux, des écureuils gourmands, un crapaud hystérique... Et ces treize extraits de journaux intimes forment douze tableaux qui, lorsqu'ils sont réunis, forment une image du responsable de cette folie. Une image qui, réunie sur un poster, vous permettra d'afficher l'égarement où vous le souhaitez...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au premier regard, cette bande dessinée intrigue. On croit voir en couverture un oiseau qui s'envole avec une fleur au bec et un cadavre dans le dos. Mais en la bougeant, le corps du volatile change en forme d'écorché. Nous voilà dans un esprit mystérieux, étrange et pour le moins dérangeant. Si cela suscite en vous la curiosité, ouvrez les pages. Vous ne serez pas déçu du voyage. Ce livre-objet est réfléchi jusqu'au confort du papier, au touché. Cela tombe bien car le duo d'artistes nous emmène sur le chemin riche et imprévisible de la folie tels Le Horla de Maupassant ou L'Amok de Zweig. De maladies en affections, de souffrances en obsessions en passant par le bouleversement, l'égarement, le lecteur ne peut rester totalement indemne et indifférent. Le texte à l'apparence simple et descriptif prend une autre dimension aux côtés des illustrations à la fois attirantes, troublantes et délirantes. D'ailleurs, le choix du titre n'a rien d'innocent. Après le texte de mise en situation, extrait de journaux intimes, quelques graphiques en noir et blanc avant de passer à une planche toute en couleur. Impossible de détacher son regard tellement cela interpelle. On veut s'attarder sur les détails et sur les choses que l'on n'aperçoit pas forcément à première vue. Doucement, nous aussi nous sommes captifs et captivés par ce monde singulier qui s'affirme avec brio et ingéniosité.