L'histoire :
L’éléphanteau Tatombo se retourne dans la savane. Il se demande pourquoi son grand-père s’est arrêté et les regarde s’éloigner. Sa mère lui explique qu’il a dorénavant choisi d’emprunter « une autre piste ». En effet, Kalimbo se sent vieux. Il le sent dans ses os, il est temps pour lui de se rendre au cimetière des éléphants pour s’y laisser mourir. Son ami le lion vétéran Makoussa lui propose de faire ce dernier bout de chemin en sa compagnie. Non loin de là, le jeune zèbre Mata-Mata, intrépide et imprudent, s’éclate à observer un troupeau de gnoux, de loin, qui courent comme des abrutis en masse groupée. Malgré les rappels à l’ordre de sa mère, il s’éloigne de son clan et… un léopard attaque ! Le félin n’a pas le temps de faire trop de dégâts, que le reste du clan zèbre débarque… repoussé par un changement de direction des gnoux ! Dans la confusion, Mata-Mata perd ses parents et se retrouve dans un plan d’eau, attaqué par un crocodile. Grace à l’intervention providentielle d’un hippopotame, Mata-Mata s’en sort avec une petite blessure à la patte. La nuit suivante, c’est une meute de lycaons qui tentent d’en faire leur repas… mais Kalimbo et Makoussa interviennent juste à temps.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le duo d’auteurs quasi indissociables Crisse et Fred Besson proposent ici une aventure 100% animalière se déroulant dans la brousse africaine. A contrario de leurs précédentes collaborations (Ishanti, Atalante…), on note toutefois que Crisse n’est pas crédité d’un storyboard, ni même d’un crayonné préparatoire : Besson assure seul la partition graphique… et s’approche très près des talents du maître. Quelques menus détails l’en distinguent encore sur la longueur, mais certaines cases impressionnent de majesté. Le chara-design de Kalimbo, de Mata-Mata ou de Drogba (qui est un rhinocéros, pas un footballeur !), très expressifs sous tous les angles, sont notamment de vraies merveilles. Sur le plan graphique, mais aussi par l’approche anthropo-psychologique des protagonistes, la veine est donc très proche de celle du Roi Lion. Les rôles sont juste un peu redistribués, mais on retrouve les mêmes grandes caractéristiques que sur le célèbre dessin animé de Walt Disney : un enfant martyrisé (ici un zèbre), un puissant protecteur (ici le pachydermique héros) et une meute de tortionnaires (les lycaons, très proches des hyènes). De nombreux zests d’humour sont aussi disséminées par l’intermédiaire des bavardages des piquebœufs (les oiseaux qui picorent les parasites des pachydermes), des autruches (écervelées) et du comportement turbulent de Mata-Mata. Bien qu’elles délayent les tensions, ces séquences font assurément de l’œil au jeune public. L’originalité du pitch tient dans la personnalité du héros : il est vieux et se destine dès la première planche à mourir à court terme. On s’en doute, puisqu’il est le héros et que l’album compte 46 planches, mais les circonstances vont l’obliger à différer quelques peu son projet suicidaire. Ce « bon jour pour mourir » emprunté aux peaux-rouges de Little Big Man aura peut-être lieu dans le prochain opus… A condition qu’un second volume voit le jour, Crisse ayant tendance, ces dernières années, à lancer des premiers tomes qui ne connaissent pas de suites…