L'histoire :
Dans un futur très (très) lointain, une guerre galactique totale a mis fin à la race humaine… ou enfin presque. Car un pénitencier cosmique a été épargné, oublié de tous… Logique : l’oubli et le bannissement étaient la raison d’être même de ce bagne. Ce vaste monde autarcique, contenu dans un gigantesque polygone flottant dans l’espace, s’appelle ETHER. A l’intérieur, les descendants des descendants ont fondé une nouvelle civilisation, qui repose sur des mœurs particulièrement violentes et totalitaristes. En fait, un tyran absolu impose ses volontés et décide des campagnes guerrières, Khaal. Il ne souffre d’aucune contestation et trucide sans hésiter lorsque quelqu’un se présente à lui avec une revendication. Ce chef ultime prouve à son peuple sa supériorité en acceptant de combattre régulièrement dans une arène les prétendants à son trône. Il remporte systématiquement ses combats grâce aux talents conjugués d’un psi et d’un éthéré, Shÿl et Dhâlym. Tous deux entretiennent en effet avec Khaal un lien triangulaire étroit. L’un passe à travers tout pour entrer physiquement en contact avec un adversaire ; toute la puissance et les informations concernant ce dernier sont alors transférées, grâce à la télépathie du second, à Khaal ; enfin, la force et l’expérience de Khaal font le reste. Le souffle de la discorde souffle pourtant entre les trois races. Ssi Lakh et Soryann Khûr, chefs des psis et des éthérés, ont eu accès à de nouvelles informations et ils complotent. Peuvent-ils seulement survivre à l’affranchissement ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Existe-t-il, à travers les fictions de tous horizons, un tyran plus omnipotent et cruel que ce Khaal ? L’univers futuriste mis en place par Louis (ici scénariste seul) pour ce space-opera est d’une barbarie ultime. Khaal domine pleinement sa « civilisation » déshumanisée. Il n’a plus rien d’humain, il est presque un dieu, car rendu tout puissant par une triangulation malsaine de pouvoirs psy complémentaires. Cet état de fait « politique » est alors remis en question par de nouvelles infos sur ses origines, qui déclenchent un complot et un vent de changement. Le diptyque prévu va donc narrer sa déchéance dantesque… à condition qu’elle soit possible (comment vaincre l’invincible ?). Dans l’ambiance, comme dans le traitement visuel ultra réaliste et soigné de Valentin Sécher, on est ici aux confins de la tragédie grecque, option gladiateurs de l’antiquité. Khaal est plus proches de la SF abstraite façon Jodorowski (les Technopères) ou Fructus (Thorinth), que des gentillettes navettes design de Sillage… ou de Tessa (par le même Louis !). Les dialogues et la voix off, très solennels, se mettent en phase avec l’emphase du personnage : « Je suis allé au-delà de la peur ; je suis devenu la peur. » Ou encore la réplique limite parodique : « Si c’est vivant, ça doit pouvoir se tuer. » En revanche, la limpidité de lecture n’est pas aidée par les nombreuses interventions télépathes ou les réparties hors champ, qu’on peine souvent à attribuer…