L'histoire :
Après avoir rejoint le roi Fangorn suite à son appel, la Compagnie des Lames, de nouveau réunie et au complet, ne peut que constater que la mort frappe, depuis la disparition de la relique du roi Goule. Depuis les vestiges de sa tour, l’abomination a commencé à répandre son souffle maudit. Le voile de la réalité s’est une fois de plus déchiré et aucun des éclaireurs envoyés n’est revenu. La régente décide donc une expédition à la tour Anastrophe, afin de retrouver la relique du roi Goule. Mais Fangorn, atteint d’un mal mystérieux, n’est plus en mesure de reconstituer la coalition de l’ancien temps, celle des hommes et des anciens peuples. En compagnie d’une armée famélique, composée de fidèles au roi et de bleusailles, la Compagnie des lames part en quête. Le chemin jusqu'à l’archipel d’îlots protégeant le domaine du roi Goule va s’avérer moins périlleux que prévu, hormis l’incursion de sicaires du nécromant dans le camps, qui parviendront à enlever le roi Fangorn. Certains membres de la Compagnie commencent à trouver étrange ce manque de résistance et d’opposants. Arrivés au village de pêcheurs où ils doivent s’embarquer pour l’île du nécromant, ils découvrent horrifiés le récit du journal du frère gardien, sans se douter un seul instant qu’ils courent tout droit vers le cœur des ténèbres, là où des vérités enfouies et inavouables les attendent...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce second opus reste dans la lignée de la série, à savoir sombre et noire, mais aussi psychologique, déstabilisant et suffocant. Dans la plus pure tradition de la dark fantasy, Nicolas Tackian reprend une nouvelles fois les ingrédients empruntés aux maîtres du genre (Tolkien…) tout en apportant nombre de contre-pieds et surprises en tout genre. Le final de ce tome en est l’expression la plus flagrante. Le récit ne se situe pas dans l’action, il est plus narratif et psychologique. Il explore ainsi la profondeur des relations entre les membres de la Compagnie des Lames, tout en nous réservant des révélations inattendues et surprenantes. Telles celle reliant Hector le paladin humain et Finlaë la danseuse de guerre elfe : amants, ils eurent deux enfants, brûlés vifs au nom de l’Unique, sans qu’Hector ne cherche à les revoir ou les protéger. Ou encore celle du ménestrel avec son crâne parlant ; crâne parlant qui tient, par ailleurs, un rôle capital dans tous les évènements passés, présents ou à venir. Tackian remet ainsi sans cesse en cause la linéarité du récit et les principes aseptisés du genre. Les illustrations de Dave Kendall servent à merveille l’ambiance sombre et suffocante mise en place par le scénariste, même si on regrettera parfois le manque de précision inhérent dans les visages des protagonistes. Son graphisme effacé se rapproche d’un Rembrandt, de la peinture flamande de l’époque, comme le démontre la BD éponyme. A noter que le Fangorn de la Compagnie des Lames est le même que celui de Orks, le monde en déliquescence d’Arakel également. Ces histoires se déroulent en effet dans le même univers, mais elles répondent à une chronologie différente (Orks se déroulant avant la Compagnie des Lames) et sans être liées.