L'histoire :
Dans la mégalopole tentaculaire qui était jadis la ville de Lyon, un homme se tient en surplomb, une arme de précision à la main, et met en joue ses victimes potentielles qui ne sauront jamais d'où venait la balle qui les a tuées. Il est le Mayor de Megalopolyon, son fils et sa fille n'ont pas le droit de quitter leur immense appartement, mais Safir s'en moque et s'échappe à la nuit tombée pour aller se livrer à des activités interdites. Son frère Pauli va disparaître sans laisser de traces, il faudra partir à sa recherche. Ailleurs, dans la ville, Vananka est un musicien clandestin qui va partir pour sa journée de travail. La musique et les livres sont interdits par le régime, il gagne sa vie en allant jouer chez de riches habitants qui s'affranchissent des règles et s'abandonnent au sexe en écoutant ses notes de guitare. Takam et son chef Lynn sont deux membres d'une milice utilisée par le pouvoir pour des actions hors du cadre de la loi, ils parcourent la ville pendant que les Feds font des descentes chez des détenteurs de produits culturels interdits, et les éliminent sans sommation ni jugement. Lors d'une réunion à la mairie, le maire réunit les oligarques avec qui il partage le contrôle de la ville. La drogue sur laquelle le régime s'appuie pour assujettir la population fait l'objet d'une contrefaçon, un néo-blast de contrebande qui met en péril leur domination. Il va falloir agir pour reprendre la main avant que les Feds fassent un grand ménage qui pourrait nuire au consortium.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout commence avec une remarquable préface, comme ces textes qui défilent sur les écrans des blockbusters de SF et vous situent d'emblée le monde dans lequel on est. Une ville aux constructions gigantesques, des engins volants qui traversent les strates superposées, des habitants des sous-sols qui n'ont jamais vu la surface, et quelques maisons aux façades anciennes qui restent de l'ancienne ville. Cet univers ultra familier rappelle tous les classiques du genre, mais une entrée en matière impeccable s'expose sur une pleine page oppressante et fascinante. Puis un zoom progressif sur un personnage central, le Mayor de la ville, posté sur une terrasse, prisonnier dans un fauteuil dans lequel son corps est littéralement encastré, alimenté par des tuyaux et des câbles qui entrent dans sa nuque. Juste ce qu'il faut de voix-off, de dialogues sobres pour installer une ambiance hyper prenante. Ce premier tome est très cinématographique, il plante le décor de manière remarquable et nous présente l'un après l'autre les protagonistes de l'histoire. Le scénario de Kevan Stevens est pour le moment très ciselé, très bien amené et prometteur, on attend évidemment que tous les personnages se croisent pour que l'action décolle. Les décors de Jef sont oppressants à souhait, hyper détaillés, sombres et immersifs. Son style est presque réaliste mais se garde la possibilité d'effets graphiques qui accentuent l'action, qui ne manque pas dans ce tome d'introduction. Une première plongée très accrocheuse dans un univers futuriste qui ravira les amateurs du genre, mais sera réservée à un public averti, avec des scènes de sexe très réalistes.
