L'histoire :
Derrière l’église de Killkenny, petit village irlandais perdu, vit un troupeau de moutons. Comme tous les matins, l’homme en noir vient répéter son prêche devant les ovidés. Ces drôles de paroissiens sont attentifs car ils savent qu’au terme du discours, le curé les récompense d’une friandise. C’est souvent à ce moment là que le Hibou, Sir Doyle, et son ami l’écureuil, en profitent pour prendre l’air sur leur arbre. Chaque matin, ils écoutent les moutons palabrer sur l’existence de dieu. Ils ne sont pas les seuls habitants dans le pré. Il y a également Archibald, le chien berger, quelques chèvres et un bouc. Ces derniers sont un peu sauvages et ne se mêlent que très rarement aux moutons. Si les uns et les autres ne s’aiment pas trop, ils cohabitent tout de même. Un matin, l’homme en noir ne vient pas, à la grande surprise des moutons. Sir Doyle confie à l’écureuil que le curé ne viendra plus. En volant autour de la grande maison de pierre, il a vu des hommes s’agiter de façon inhabituelle et ils ont sorti l’homme en noir inconscient. Le hibou ne souhaite pas être le porteur de mauvaises nouvelles auprès des moutons. Ils comprendront tout seuls...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Killkenny est une sorte de Clochemerle irlandais avec un Don Camillo pour curé. L’église y est adossée à un pub, le Pink Clovers, ce qui divise le petit village. D’un côté, les bigots considèrent qu’un tel établissement de perdition ne peut se trouver aussi près d’un lieu de culte. De l’autre, les piliers de comptoir ne supportent pas les bien-pensants et leur morale. Un matin, le curé est retrouvé blessé et inanimé dans l’église. Aurait-on cherché à l’éliminer ? Cet événement ne va pas seulement être source de tensions chez les humains, mais également chez les animaux. Pour les moutons, passée la frustration de ne plus recevoir de friandises, l’absence du représentant de dieu va susciter des vocations et générer également des dissensions. Didier Crisse, que l’on connaît essentiellement pour ses séries de SF et de fantasy (Atalante, Kookaburra, L’épée de cristal, Luuna) ne nous avait pas habitué à scénariser des histoires sans flingue, épées ou héroïnes plantureuses aux décolletés vertigineux. Cette comédie rurale est jubilatoire, avec un bestiaire qui, pour partie, peut être le reflet de la nature humaine, de la bêtise de certains par leur absence de sens critique, leur manque de discernement ou de hauteur de vue. La mégalomanie d’un des moutons qui cherche un titre ronflant pour se faire respecter est des plus risible. Les habitant de Killkenny ne valent pas mieux que leurs animaux avec leurs altercations ancestrales dont plus personne ne connaît vraiment les fondements. On se délecte de dialogues savoureux, bien ciselés et à l’humour fin. Le dénouement de cette histoire est également bien troussé. Avec son dessin, Christian Paty nous plonge dans une Irlande authentique, verdoyante, aux bâtisses de pierre chargées d’histoire. Ses personnages humains comme animaliers sont caricaturaux, très expressifs et collent parfaitement à la tonalité humoristique de cette histoire. Bonne nouvelle, un second album est déjà en gestation !
