L'histoire :
Ce soir-là, Calista joue les baby-sitters auprès de la petite Emma : popote, jeux, lecture rigolote, calinou et gros dodo. Ensuite, la jeune étudiante prend un peu de temps pour elle avec, au menu, tablette de chocolat au lait, télé grand écran et visite impromptue de sa copine Anna. L’occasion est trop belle pour les 2 gamines de faire le tour du propriétaire en s’extasiant devant le luxe et le confort de l’installation. Ah ! Si seulement, elles pouvaient, elles aussi, se repaitre de ces beaux joujoux… Elles ne peuvent pousser leur réflexion plus loin, contraintes par l’arrivée inopinée des parents d’Emma de se séparer. Quelques temps plus tard, Anna vient sonner à la porte de l’appartement de sa meilleure amie : infidèle à l’excès, elle vient de se faire mettre à la porte par son copain, avec qui elle partageait son logement. Calista l’héberge alors, tout en sachant qu’elle ne pourra pas le faire longtemps car son frère ainé, qui loue l’appart, doit reprendre bientôt son bien. Les 2 jeunes femmes imaginent alors un petit jeu qui pourrait leur permettre de trouver une solution : séduire le père d’Emma, virer sa mère et bénéficier de tout le confort d’une relation avec le quadra. La première qui parviendra à le séduire pourra le garder…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La première de couv’ est volontairement aguicheuse avec ce regard à la fois tendre et félin, ce bout d’étoffe immaculé qui se faufile entre deux genoux, des petits lolos prêts à déborder et une cigarette qui se consume nonchalamment… Au-delà d’une probable intention de s’attirer ainsi un public, cette entame évoque à elle seule l’ensemble du propos : le corps s’utilise ici comme une arme, coûte que coûte, pour parvenir à ses fins. Celles des deux « adulescentes » sont on ne peut plus claires : mener rapido la belle vie sans perdre 20 belles années à trimer. Peu importe les dommages collatéraux que pourront engendrer leurs manigances, du moment qu’au bout du compte il y ait l’appart, la lingerie fine et la télé grand écran. Pour pimenter la chose, rien de mieux, qui plus est, que de se la faire sous forme de pari : des fois qu’en plus, ça puisse terriblement secouer leur belle amitié. En somme, une approche très politiquement incorrecte des valeurs, mais peut-être pas si éloignée de ce que notre société de consommation (où le sexe peut devenir un simple produit) véhicule auprès des jeunes générations. Nous ne pousseront pas plus avant le débat et nous nous contenterons de poser notre regard simplement sur la fiction, pour constater qu’il reste du chemin à faire pour nous convaincre définitivement. Si le récit plante des banderilles chez les plus curieux d’entre nous, en les laissant impatients de connaitre ce qui va bien pouvoir arriver au duo d’amies, il lui manque encore l’effet de surprise (qu’il s’agisse de s’enfoncer encore un peu plus dans le sordide ou au contraire d’assister à un judicieux retournement) si prompt à révéler les meilleurs scénarii. La partie graphique proposée par Grelin, aussi acidulée et dynamique que les 2 héroïnes, convient parfaitement, en laissant autant sa place au charme qu’au malaise dans ce récit.