L'histoire :
C'est le solstice d'été dans la région de Vadstena, en Suède. Une groupe de jeunes s'est réuni en soirée, autour d'un lac, pour faire la fête. Un d'entre eux, Marcus Walghren, s'est alors esseulé pour enfiler les canettes de bières à l'écart des autres, en proie à un léger spleen : sa copine Lina n'est pas venue. Sur un coup de tête, il décide de partir la rejoindre en voiture, en dépit des mises en garde de ses amis, qui lui déconseillent de prendre le volant après avoir autant picolé. Chemin faisant, alors qu'il traverse de nuit une forêt, il prend une jeune femme en stop. Il engage la conversation : elle dit être espagnole et semble avoir froid. Déconcentré, le temps d'attraper une couverture sur la banquette arrière, Marcus donne un coup de volant pour éviter un camion de face et... Sa voiture fait une monstrueuse sortie de route et s'encastre dans un arbre. Le camionneur l'extrait, légèrement blessé et pas mal commotionné, mais la passagère a tout bonnement disparue. Son entourage est alors persuadé que malgré sa version des faits, cette jeune femme est issue de son imagination... éthylique ! Dans les jours qui suivent, alors qu'il est condamné pour alcoolémie au volant, il n'a de cesse de penser à cette jeune femme et tente par tous les moyens de la retrouver. Il ignore encore que le phénomène de cette dame blanche fantomatique n'est pas inédit dans la région de Vadstena : un premier cas similaire, bien plus spectaculaire, avait déjà été relaté au début du XVIIe siècle...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici une association originale d'auteurs, pour illustrer une nouvelle anecdote d'épouvante en one-shot, et satisfaire au concept de la collection Hanté (chapeautée par Christophe Bec). La légende de la « dame blanche » narrée ici par Sylvain Runberg semble une nouvelle fois inspirée par un mythe scandinave (après ses vikings d'Hammerfall). Il s'agit cette fois d'un spectre féminin qui apparaît parfois aux solstices, dans une région de la Suède, afin de tourmenter des mortels de passage. Classique et efficace, la narration de Runberg prend son temps, très (peut-être trop ?) sage. Au dessin, Thibaud de Rochebrune, réitère son style semi réaliste impeccablement proportionné et cadré, mais au détail de trait légèrement disgracieux. La colorisation « brutale » ne soigne pas non plus l'esthétisme de l'ensemble, mais elle a le grand mérite de renforcer l'atmosphère pesante d'étrange. Après une brève intro en flashback, puis l'exposition de la « problématique » subie par Marcus, ce jeune héros passe alors la majeure partie de l'album à essayer de comprendre, à enquêter, à être mis au ban de sa communauté lorsqu'il insiste dans sa version fantasmagorique des faits, sans qu'il ne se passe rien de véritablement angoissant. Il faut attendre la toute fin, astucieuse et glaçante, pour se satisfaire pleinement du frisson requis. Contrat rempli, bien vu. Un conseil : ne prenez personne en stop un jour de solstice...