L'histoire :
Dans un empire imaginaire, Nicolas, jeune inspecteur de police, est envoyé en mission secrète à l’abbaye de « Marie des Loups ». Là-bas, dans des contrées enneigées et septentrionales, le général Neredahaus entraîne la fameuse garde rouge, composée de soldats réputés pour leur loyauté sans faille. Il y a bien des années, Guillaume Neredahaus avait pris la tête des armées révolutionnaires qui permit aux « Saint-Pierre » d’accéder au pouvoir et causa la perte des « Saint-Mathieu ». Aujourd’hui, en dépit de sa réputation légendaire, Neredahaus est suspecté de fomenter une révolution légitimiste. Sur place, Nicolas est accueilli froidement mais respectueusement par le général. Tandis qu’il s’installe dans ses nouveaux quartiers, il fait la connaissance d’une jeune femme pertinemment prénommée Marie. Charmeuse et peu farouche, Marie est présentée par Neredahaus comme étant sa fille adoptive. Immédiatement troublé, Nicolas a tôt fait de prendre la mesure des rapports ambigus qu’elle entretient avec le général…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bien plus qu’une énième aventure fantastique, ce premier tome est surprenant à plus d’un titre. Pour son premier scénario, Frédéric L’homme choisit de nous plonger dans une époque imaginaire, mais néanmoins très aboutie. Il aurait tout aussi bien pu planter son histoire sous le second empire napoléonien : mêmes mœurs, même régime impérial, mêmes troubles politiques. Particulièrement ciselés, les rapports psychologiques entre les trois personnages occupent en permanence le devant de l’histoire. Nicolas, le héros, fait montre d’un tempérament plutôt réservé. Le général en impose du fait de sa maîtrise des évènements et de son expérience. Enfin le personnage de Marie, femme-enfant allumeuse et intrépide, au regard aussi cristallin et perçant que celui des loups, est à la fois troublant et terriblement attachant. Le dessin de Régis Penet (Fleurs carnivores) sert superbement ces rapports tendus. Son dessin réaliste, appuyé par des encrages prononcés, est secondé par des couleurs superbes, quoiqu’un peu systématiques : ciels invariablement tourmentés, Marie toujours habillée de rouge, redondance des tons chauds orangers (sur les personnages) et des tons froids bleutés (scènes extérieures dans la neige)… Globalement, ce premier tome est graphiquement réussi.