L'histoire :
Au mésolithique (entre -10500 et -4500 avant notre ère), Poika, un garçonnet d’une dizaine d’années, est allongé sur le dos dans les hautes herbes. Une abeille se pose sur son nez. Par jeu, il se met à la courser. Il tombe alors nez à nez avec un taureau paisiblement en train de brouter dans une clairière. Aussitôt, il tourne les talons et prévient les chasseurs de sa tribu. Surtout, il ne faut pas nommer l’animal, par superstition. Il le dessine donc sur le sable. Rapidement, les hommes organisent la traque, avec des rabatteurs en forêt d’un côté et un leurre de l’autre, dans une plaine dégagée. Evidemment, Poika veut participer à la chasse : c’est tout de même grâce à lui que l’animal a été repéré. Mais une imprudence le pousse à trop s’avancer dans la plaine, pour récupérer une lance qui a raté sa cible… et le taureau, lui, ne le manque pas. Il est encorné et piétiné par l’animal. Les hommes interviennent aussitôt et repoussent la bête plus loin, pour finir par l’achever. De retour au campement, les femmes soignent les blessures de Poika avec du miel. Mais une plaie trop large pour être recousue finit par s’infecter. Fiévreux, l’enfant semble condamné. Soudain, Korppi Vehlo, une sorte de sorcière ermite vêtue de plumes de corbeaux, débarque au village. Elle promet que son remède le guérira : des herbes, des asticots sur la plaie et la narration de l’histoire d’Urga, le mystérieux bébé bleu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’emblème franco-belge du héros préhistorique était jusqu’alors tenu par l’inépuisable Rahan (dont les aventures originales se poursuivent toujours !). Voici venu aujourd’hui d’outre manche un renouveau particulièrement convaincant : Mezolith. Pour contexte, le scénariste Ben Haggarty a choisi une époque similaire : le mésolithique, également appelée « âge de pierre », est cette ère située entre -10500 et -5000 avant JC, qui vit les hommes essaimer leurs innovations, se sédentariser et domestiquer certaines espèces. Ici, le héros est un enfant, Poika, qui n’a rien d’un McGyver obsédé par l’innovation : les préoccupations de sa tribu sont essentiellement tournées vers les soucis du quotidien : se nourrir, s’organiser et résister (face aux ennemis ou aux blessures). Les dialogues sont certes contemporains, mais les borborygmes de la Guerre du feu n’auraient guère été éloquents. La place des croyances et l’imaginaire fantasmagorique est aussi très importante dans cette humanité. Néanmoins, les fondements de la série demeurent très cartésiens et crédibles : la part du fantastique n’est que racontée ou suggérée. Et ça tombe bien : Haggarty est internationalement reconnu pour son érudition en matière de légendes et mythes celtiques (d’où le classement de la série dans la collection Soleil Celtic). Les 7 chapitres que contient ce premier volume reposent sur un énorme travail de documentation et s’apparentent ainsi à une « étude de l’imaginaire archéologique ». Enfin, l’ensemble est agréablement mis en relief à la palette informatique, avec un grand soin réaliste et un séquençage impeccable, par Adam Broekbank. Dessinateur et peintre, l’artiste est un cador en matière de storyboard hollywoodien et Mezolith signe son grand retour sur la scène du comics. Franchement, Mezolith sort sans tambour ni trompette, mais il mérite assurément le détour !