L'histoire :
Le détective Nick Carter, qui a combattu les pires criminels du monde, est l'ami de grands peintres et poètes surréalistes. Ainsi, il se voit confier une enquête par André Breton, pour retrouver quelque chose qui lui aurait été volé, mais qu'il ne parvient pas réellement à définir. Le grand poète inventeur du surréalisme évoque de manière mystérieuse des concepts comme la beauté, ou ce qu'il appelle l'or du temps. Carter va alors tenter de rencontrer tous ceux que Breton a croisés au cours des années passées. Nos sommes en 1931, et le mouvement surréaliste est devenu l'objet de rivalités artistiques, intellectuelles et personnelles. Le détective va débuter son enquête par une rencontre avec Robert Desnos, dont les rêves lui apportent un début d'explication. Il croisera ensuite Nadja, une ex-maîtresse de Breton qui a sombré dans la folie. Son périple va durer quelques années, lui permettre de rencontrer Salvador Dali qui dit incarner réellement le surréalisme. Une enquête difficile, imprévisible, avec toujours à l’affût, l'ennemi irréductible de Nick Carter : le docteur Quartz !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En partant d'une idée très improbable, David B. nous convie à un voyage graphique étonnant, autour d'André Breton est des grands artistes de son époque. Le personnage de Nick Carter est un héros de roman et de court-métrage qui fascinait les surréalistes. Un héros populaire qui fait face à un ennemi récurrent du nom de Docteur Quartz, et dont les aventures font preuve d'une imagination débridée. Très vite, on réalise que l'enquête de Nick Carter traverse en réalité la vie du poète français, et que David B. utilise ce voyage pour nous donner sa propre vision, ou plutôt son interprétation artistique du mouvement surréaliste, et lui rendre un hommage graphique très personnel. De Nick Carter, il utilise les codes de la littérature populaire ; des surréalistes, les concepts poétiques mis en images. Son style s'adapte à mesure qu'il évoque de grands noms de la peinture. Les pages qui évoquent Dali sont peuplées de créatures aux formes arrondies. Le talent du dessinateur est incontestable, et la structure de l'album en cinquante images, une par page, rend cette lecture totalement fascinante. Il faut prendre son temps absolument, lire le texte qui souligne chaque page, et s'abandonner quelques instants dans le tableau fouillé qui l'illustre. L'expérience est unique, certes très pointue dans l'idée, mais totalement abordable pour ceux qui ne posséderaient pas une maîtrise d'Histoire de l'Art ou de Lettres Modernes. Quant à ceux qui ont les deux, ils devraient passer un moment vraiment unique !
