L'histoire :
Hop ! Hop ! On se déguise et on sautille. Ou l'on grimpe selon qu’on a choisi d’être un écureuil ou un lapin… Petit Pierrot, quant à lui, lambine, au risque de se faire chahuter par son ami Monsieur l’Escargot… qui oublie que son copain, pour lui faire plaisir, a revêtu le costume d’un gros gastéropode bien lent. En fait, une belle manière de contredire le proverbe et prouver que, peut-être, l’habit fait le moine… Il faut tout de même reconnaitre que la lenteur, ça lui va plutôt bien à notre Pierrot. Lui, il préfère prendre son temps, regarder le soleil se lever de plus haut en se balançant sur un croissant de Lune et adorer l’école uniquement pour le plaisir de retrouver les grands yeux d’Émilie. Bref, un sacré rêveur, avec des projets ambitieux (pas suffisant de décrocher la Lune) : explorer déserts et océans ; trouver trésors ou objets mystérieux ; aller voir les étoiles de plus près… Peut-être faudrait-il néanmoins commencer par faire un tour dans le placard, pour retrouver ses chaussons ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cette nouvelle livraison de rêverie mâtinée de poésie dessinée, Alberto Varanda nous offre une seconde bouffée d’oxygène, ayant pour charge de nous éloigner du tumulte pour nous confiner, le temps d’une lecture, dans un univers ultra-douillet. La formule utilisée est la même que celle déclinée dans le premier opus : de courtes saynètes dans lesquelles s’animent les péripéties de ce Petit Pierrot attendrissant. Tantôt naïves, tantôt amusantes, souvent oniriques mais toujours frappées de bon sens et empreintes d’une extrême sensibilité, chacune nous redonne nos yeux de gamins. Pour nos mirettes, Pierrot imagine cette fois (c’est le petit fil rouge de ce tome) la conception d'un livre volant. Le but avoué : aller caresser de l’étoile, via ce surprenant moyen de locomotion (une p’tite métaphore pour comprendre qu’un bouquin peut nous faire aller dans les étoiles, non ?). Outre cette obsession, on le retrouve en charmante compagnie (Émilie), embarrassé d’un sandwich ou d’une lunette de WC et attentif au bien être d’un SDF. Évidemment, on se régale une nouvelle fois des échanges avec son compère Monsieur l’Escargot, sorte d’empêcheur de rêvasser en rond (un papa ou une maman, hein ?). Bref, on retrouve cette logique enfantine, habile à nous faire craquer. Le dessin participe une nouvelle fois, amplement, au processus de séduction : couleur, rondeur, douceur enveloppent l’œil si tendrement qu’il est bien difficile de résister. Seul bémol : la rapidité d’absorption de l’ouvrage. On aimerait passer un peu plus de temps avec Petit Pierrot, mais reconnaissons qu’un exercice plus épais enlèverait un certain charme à la série.