L'histoire :
Après le triste épisode du match de Polo et la gifle qu’elle a dû assener à un Léopold Delatour trop entreprenant, Sara Crewe, alias Emile Saint John, ne semble plus très bien savoir où elle en est. Pire encore : James, auquel Sara est très attachée, parle de faire sa valise pour un retour immédiat à Londres. Le jeune homme, qui a assisté au spectacle du baiser (qu’il ne sait pas volé…), apprécie peu le comportement de son amie. Cet événement a contrarié Léopold et, par là-même, son grand-père, qui risque en conséquence de ne plus accorder sa confiance à la jeune femme. Enfin, en se rendant au siège des mines de diamants dont elle est propriétaire, Sara reçoit un accueil peu sympathique. Le directeur qui ne la connait pas et qui la croit défigurée refuse de lui accorder le moindre crédit. Elle est d’ailleurs contrainte de forcer le passage en usant de son automobile comme un bélier et en utilisant le fusil pour se faire entendre. Pourtant, tout cela est le cadet de ses soucis, puisqu’elle ne sait pas encore qu’une de ses vieilles connaissances vient de débarquer à Pondichéry. Lavinia Herbert est en Inde pour se marier, contrainte et forcée par ses parents…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est à croire que les fils de la destinée de la ravissante Sara Crewe aiment à jouer avec ses nerfs – et les nôtres par la même occasion. En effet, il ne suffisait pas à notre riche orpheline de jouer avec le feu de son imposture. Pas non plus de devoir offrir un revers de main cinglant pour un baiser volé et de mettre en jeu son avenir au sein de l’usine d’automates Delatour. Ou encore de se mettre à dos la bonne société féminine de Pondichéry sous sa fausse, voire même d’ailleurs sa véritable, identité… La peste des pestes, principale empêcheuse de tourner en rond de son séjour malheureux à la pension Minchin, Lavinia, la perfide, herself, is back pour compliquer encore un peu plus la partie (un mariage avec un vieux dégoûtant de Comte radin…). Et du reste, elle y parviendra assez facilement, à la faveur d’un tête-à-tête entre meilleures ennemies, avec petit deal à la clef... Le scénario n’en avait pas vraiment besoin, mais ce nouveau ressort le dynamise particulièrement, en jouant habilement avec les mêmes ficelles que dans le 1er cycle (et le roman original). D’autant que la partie sentimentalo-romanesque (des amours officielles, des amours espérés, des qui devraient le devenir…), les conspirations de vilaines chipies et l’impatience qu’Emilie lève le voile de sa véritable identité alimentent en permanence et judicieusement le récit. D’ailleurs, le cliffhanger final scelle un ultime rebond qui pourrait faire accélérer les choses… Serti par un dessin toujours aussi élégant, toujours aussi bavard (mais c’est l’une des principales qualités féminines, non ?), toujours aussi captivant dans le genre proposé, l’ensemble se révèle d’une efficacité redoutable. Il confirme surtout la brillante capacité d’appropriation de l’univers originel par la scénariste, pour une suite parfaitement crédible et réussie.