L'histoire :
Il est désormais bien loin le temps où la petite Sara Crewe pouvait jouer les petites princesses dans le pensionnat huppé de Miss Minchin : son richissime père, décédé à la suite de fièvres contractées en Inde, l’a laissé sans un sou. En conséquence, elle devient une simple domestique dans l’établissement, pour honorer les dettes que son père n’a pu régler. Pourtant, logée dans une mansarde miséreuse et pas chauffée, sous alimentée, Sara ne perd pas une once de gentillesse, toujours prête à aider ses amis ou les plus miséreux. Ce qu’elle ignore, c’est qu’à quelques mansardes de là, Tom Carrisford, l’associé de son père, cherche à la retrouver pour lui rendre sa fortune. Il est cependant peut-être déjà trop tard. Car en Russie, pour le service de Carrisford, Mister Carmichael est sur le point de rencontrer la prétendue héritière de la fortune Crewe. La jeune fille âgée de 17 ans, avec la complicité l’ancienne directrice de son pensionnat parisien, se fait en effet passer pour la fille du regretté capitaine : son nom de famille proche de celui de Sara (Carew) ainsi que son parcours d’orpheline lui permettent d’entretenir la confusion. Le piège se referme alors sans trop d’effort sur un homme trop heureux d’avoir enfin retrouvé celle qu’il cherchait…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A nouveau affuté pour faire pousser des « TROP BIEN ! » à son public cible (les petites ou grandes rêveuses qui craquent pour les bons sentiments, l’élégance, la dramaturgie douce et la passion), ce 3e opus est une nouvelle délicieuse torture. Notre pauvre orpheline encaisse en effet punitions et brimades à tout va. Certes, sans jamais rien dire, mais nous laissant l’envie terrible de crier pour elle à l’injustice, puis de botter l’arrière train à Miss Minchin, Lavinia ou l’abominable cuisinière, pour nous détendre un peu. Pire encore : son potentiel sauveur, un ami de son père qui la recherche pour lui restituer sa fortune, loge à une mansarde d’elle. Du coup, on peste de ne pouvoir lui envoyer un mail pour l’aider un peu. Qui plus est, puisqu’il est sur le point de se tromper d’orpheline en allant trouver en Russie une manipulatrice avisée… Heureusement que la petite Sara continue malgré sa tristesse, le froid et la faim à répandre sa noblesse de cœur et d’âme à qui mieux-mieux : le rythme cardiaque baisse immédiatement. Heureusement que l’œil se gorge d’élégance en raison d’un dessin parfait contrepoids à la tendance générale plutôt sombre du propos : la pilule est moins difficile à avaler. Bref, Audrey Alwett use notre patience avec talent, au regard d’un découpage jouant en permanence l’alternance des émotions. La touche steampunk s’intègre, quant à elle, sans fausse note (bien au contraire), laissant à l’ensemble sa propre originalité. Une suite confirmant, en tous cas, la réussite de cette adaptation du célèbre roman de Burnett et donnant très envie d’en connaitre, dans le prochain tome, l’ultime dénouement. A noter que ce 3e chapitre se dévoile dans un nouveau format : un peu plus petit… et un peu moins couteux aussi.