L'histoire :
Le tailleur n’en croit pas ses yeux : il n’avait jamais vu telles dépenses pour une fillette d’une dizaine d’année… Cette jeune dépensière s’appelle Sara. Elle vient juste d’arriver à Londres, avec son père, pour y intégrer un pensionnat. Le capitaine Crewe doit bientôt rejoindre les Indes et avant son départ, il veut combler sa fille de somptueux cadeaux. Pour l’heure, le père et la fille sont préoccupés par un unique achat : une live-doll (une poupée automate), que Sara appelle déjà Emilie et qu’elle voudrait douée de compréhension, pour devenir sa confidente une fois son père parti. Dans la vitrine d’une modeste boutique, une poupée aux grands yeux expressifs devient cette amie de chiffon… Au pensionnat, l’acariâtre Miss Michin, la directrice, et les autres petites élèves, attendent avec appréhension son arrivée : le monceau de vêtements et les autres accessoires luxueux qu’elle s’est fait livrer, laissent supposer qu’un être particulièrement capricieux et prétentieux ne tardera pas à polluer leur quotidien. Cependant, Miss Michin sait qu’une pensionnaire aussi prestigieuse assurera la réputation de son établissement. Aussi donne-t-elle la consigne à son personnel de ne jamais lui faire aucune critique et de ne jamais hésiter à la flatter…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’annonce de l’adaptation au format BD, du roman jeunesse La petite princesse créé en 1905 par F. Hogsdon Burnett, les plus anciennes ont inévitablement pensé aux 46 épisodes du jap-anime de la fin des années 80 : qu’elles se préparent à refaire le stock de mouchoirs en papiers, sans oublier d’en prévoir pour leurs filles : Audrey Alwett a prévu de les réunir pour 4 tomes dans le même élan compassionnel autour d’une des plus célèbres fille à papa. Cette douceur, servie par le trait moderne et stylisé un brin manga-shojo (des filles-poupées à œil de biches par exemple…) de Nora Moretti et une colorisation lui conférant un aspect de féérie, nous propose un petit tour dans une Londres Victorienne pour suivre le drôle de destin de Sara : confiée aux bons soins d’un pensionnat d’élite par son richissime papa, la jeune fille subira un revers de fortune à vous fendre le cœur en deux. La trame scénaristique restant des plus fidèles au roman, la charte graphique étant très proche de la série TV, vous n’aurez aucune mauvaise surprise. Audrey Alwett s’est juste offert quelques libertés pour s’approprier le joujou et le moderniser un brin : des automates ou live-doll sont omniprésents et remplacent certains personnages originaux ; la ville est un doux mélange de modernisme et de style victorien… Un petit coté steampunk impeccablement réussi et ne dénaturant pas le récit. Pour le reste, ce tome d’exposition (ben oui c’est surtout après que ça se gâte…) est parfaitement rythmé, alliant suspens et addictif attendrissement pour cette fillette généreuse et intelligente, que toutes les lectrices voudront pour amie. Une bonne adaptation, en tous cas, rendant cette histoire parfaitement intemporelle et multi générationnelle. A suivre donc…