L'histoire :
1190. Comté de Rouergue, en France. Bernard le pèlerin, un moine cruel au service du pape, sillonne le comté, semant la mort et la terreur dans les villages qu’il traverse. Sa mission : constituer une armée de « croisés » afin de libérer le tombeau du christ à Jérusalem. Dans ce but, il rend visite au bailli Tancrède Delaridelle qui lui fait un accueil des plus hostiles. Mais le moine est un homme retors qui n’entend pas que l’on contrarie ses plans : il décide de former une mauvaise troupe de repris de justice pour forcer la main aux villageois. À quelques lieux de là, Adhémar de Montfort, vétéran des croisades, vit seul dans une extrême pauvreté. De son « glorieux » passé, il ne garde que son immense épée. Rongé par la culpabilité de ses actes et des violences qu’il a commises au nom de Dieu, il vit reclus sur lui-même. Jusqu’au jour où un jeune paysan vient lui demander de l’aide pour sauver son village des violences du moine Bernard. D’abord réticent, Adhémar accepte. En allant sauver ces villageois, il se voit offrir une ultime chance de rédemption. Il part à la rencontre de ses anciens accompagnons pour l’aider à défendre les villageois…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Entre faits historiques et fiction, Rédemption est un diptyque qui présente le destin d’un homme, Adhémar de Montfort, contraint d’affronter ses démons pour trouver le repos de l’âme. Nicolas Tackian choisit de confronter l’histoire de notre civilisation chrétienne au miroir troublant de l’actualité géopolitique contemporaine. Les croisés, que l’inconscient collectif imagine comme des guerriers illuminés par la foi, n’étaient autre que des hommes et des femmes victimes ou acteurs d’enjeux politiques, économiques, sociaux visant à étendre le pouvoir des princes et des rois. Dans ces grandes manœuvres, la foi était au mieux un alibi pratique et malléable. Rédemption est un projet épique sur ces guerriers mythiques qui nous fascinent par leur sauvagerie, mais également par la beauté des sentiments qu’ils inspirent : héroïsme, sacrifice de soi, générosité, courage... mais qui sont avant tout des hommes tributaires de leurs passions, harcelés par leurs démons intérieurs. Les dessins de Farkas sont précis et agréables, et collent à cette histoire sombre, toute en demi-tons. Enfin presque, car Bernard le pèlerin est un vrai salaud, un méchant froid et sans scrupule et on a hâte qu’il se fasse botter l’arrière-train par l’équipe de Montfort. Une bande recrutée à la Yul Brynner dans les Sept Mercenaires, parmi ses vieux compagnons, avec une amitié virile et tissée dans le sang. On aurait bien voulu que les compagnons soient aussi nombreux…