L'histoire :
Hazar sillonne la Provence et il est allié avec les Sarrasins : il fait même partie des leurs, né d’un père arabe et d’une mère européenne. Du coup, Hazar profite de sa peau blanche pour aider ses frères à piller la région. Il s’arrête dans un monastère et se fait passer pour un marchand de Poitiers... mais les moines se montrent soupçonneux. La nuit, Hazar ouvre les portes du cloître pour laisser passer ses amis les Muwallads. Ils pillent tout sur leur passage et volent sans vergogne les chiens d’infidèles. Hazar et sa troupe sont en fait des pirates épris de liberté. Pourtant, ils reçoivent la visite du prince Soraq, fils du Calife et maître des troupes arabes andalouses. Il propose aux Muwallads une alliance forte avec son peuple. En échange de la protection et de l’aide du Calife, les pirates sarrasins devront aider les Andalous. Le prince leur confie alors une mission particulière en Provence : arrêter une troupe de moines qui se dirigent vers Rome et intercepter le message. Les Muwallads s’interrogent et Roustam, le père d’Hazar, reste sceptique, car il refuse de perdre toute liberté. Pourtant, Hazar est emballé par cette nouvelle aventure et cette alliance avec le grand Calife. Les Sarrasins finissent par accepter le marché du Prince et se préparent à réaliser leur mission...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les bancs de l’école française ont longtemps abordé la victoire de Charles Martel sur les Sarrasins à Poitiers en l’an 732. Cette fois, Luca Blengino prend le contrepied et décide de voir l’histoire de cette époque de l’autre côté de la lorgnette, en suivant les troupes du croissant de lune. Blengino connaît son sujet, lui qui a déjà écrit L’Astrolabe de Glace, autre récit d’aventures se déroulant en Orient. Pour s’immerger dans la culture arabe, rien de tel qu’un héros à la peau blanche, aux yeux bleus et aux cheveux blonds. Le procédé est un peu facile, mais il est finalement assez bien mené puisque le passé d’Hazar est souvent bien expliqué. Son clan (qui n’a pas existé dans la réalité) est à son image : « Muwallad » signifie « métis ». On aura compris que tout tourne autour du destin de cet homme à la double identité. D’ailleurs, rien ne lui sera épargné puisqu’à lui seul, il devra fuir les troupes du Calife puis obtenir (seul encore) sa vengeance. Là encore, on évolue vraiment dans l’exagération ; le personnage principal en devient presque un surhomme (un prophète ?) et doit d’autant plus se débrouiller seul que sa double appartenance finit par le desservir. Heureusement, notre héros au grand cœur et au courage indomptable, ne manque pas de charme et pourra compter sur les femmes qu’il rencontre pour sauver sa vie… Même si les ficelles de cette aventure omniprésente sont parfois un peu grosses, Blengino alterne parfaitement moments calmes et action, moments de tensions et pauses bienveillantes. L’originalité du point de vue qui se focalise sur les Sarrasins n’est finalement qu’un prétexte pour un récit d’aventures exotiques rondement mené. La toile de fond historique vient apporter un peu de crédit à l’ensemble et le scénario est finalement habile. Le dessin de Luca Erbetta est expressif et plein de vie : les postures des personnages et leurs expressions sont particulièrement bien rendues, sans compter la qualité des décors. Les couleurs jouent sur de subtiles variations, même si elles sont souvent criardes et très modernes par rapport à l’histoire de l’album. Un premier tome classique plein d’aventures et de rythme : sus aux infidèles !