L'histoire :
Certains qualifient assez souvent Sherlock Holmes de misanthrope. Lui-même se considère plutôt comme quelqu’un de difficile, qui ne s’intéresse qu’aux personnes qui possèdent plus que des qualités humaines. Ainsi, ses deux véritables amis sont Colin Pike, un fin limier de Scotland Yard et Ron Jantscher, son colocataire et virtuose du violon, qui quittera bientôt Londres pour intégrer l’orchestre philharmonique de Vienne. Attendant le départ prochain de son ami et colocataire, Sherlock continue de s’adonner à ce qu’il aime : le violon, la chimie et la lecture de vieux bouquins. Quand il s’ennuie vraiment, le jeune homme s’amuse à envoyer des courriers aux agents de Scotland Yard, avec de précieux indices sur les enquêtes qu’ils n’arrivent pas à résoudre. Pour que la police ne sache pas d’où proviennent ces courriers, Holmes les signe toujours avec des pseudonymes formés par des anagrammes de son propre nom. Un soir, alors qu’il revient de la bibliothèque avec un nouveau bouquin à parcourir, Sherlock découvre avec stupeur qu’un groupe d’hommes est en train d’enlever son ami Ron. Holmes réussit à en stopper un, mais les autres s’enfuient à bord d’une carriole. Il contacte alors Colin pour le mettre au courant des évènements. Sherlock découvre alors que Ron n’est pas le seul à avoir été enlevé, dernièrement. Le conseiller du Premier Ministre lui propose alors de collaborer avec la police pour résoudre cette affaire de kidnapping touchant l’élite de Londres…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sylvain Cordurié nous a déjà montré son amour pour le célèbre personnage de Sir Arthur Conan Doyle, en le mettant en scène d’excellente manière, une première fois dans la collection 1800. On attend d’ailleurs toujours avec impatience la conclusion du deuxième diptyque se déroulant juste après la prétendue mort du détective, lors de son duel face à James Moriarty, en haut du mont Reichenbach. En parallèle, le scénariste nous propose une nouvelle aventure originale se situant bien avant que le célèbre détective ne soit effectivement détective et ne vive avec Watson à Baker Street. On découvre donc un Holmes jeune, qui possède déjà un sens de l’observation inégalable et une franchise qui frôle la prétention. Néanmoins, ce dernier se montre plus sociable qu’il ne le deviendra et n’use pas encore de drogues. En parallèle, on entrevoit aussi les débuts du jeune James Moriarty, qui n’est pour l’instant que le sous-fifre désobéissant de son père. Puis un évènement fondateur – l’enlèvement du meilleur ami de Sherlock – va être le déclencheur qui mènera les deux futurs ennemis jurés à se croiser. Le scénario de cette première partie est efficace et palpitant. Le scénariste ouvre de nombreuses pistes destinées à se télescoper par la suite. C’est Alessandro Nespolino (Dossiers Tueurs en séries T.4) qui se charge de la mise en images de cet excellent scénario. Le dessinateur s’en sort avec talent, tant du côté de la transcription du Londres Victorien, que pour dépeindre le personnage principal, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celui imaginés par Laci dans l’autre série (en plus jeune, bien sûr). Dans ce très bon premier tome, Cordurié prouve une nouvelle fois qu’il est capable de mettre en scène Holmes avec un talent proche du romancier original…